Comme le froid a du bon de temps en temps....c'est sans doute à lui que je dois ce retour à mon clavier et mes clichés...souhaitons non pas que le froid polaire perdure mais bien que ce regain rédactionnel persiste le plus longtemps possible. Pour reprendre le fil des lignes et des photos en ce début d'année, je pars du coté de St Lazare. Au coeur des allées et venues des milliers de voyageurs qui transitent quotidiennement dans ce quartier animé, commercial et si bouillonnant d'activités en tout genre, il reste imperturbable depuis une trentaine d'année que l'on les y a là érigées, les deux compositions d'Arman : "l'heure pour tous" qui trône dans la Cour du Havre et qui avait d'ailleurs en son temps (!) inspiré la rédactrice herbe que je suis ; et "consignes à vie" qui se dresse sous le gros horloge de la cour de Rome. Ces deux oeuvres dans leur genre imposantes, ont toutefois su se fondre dans le décor à tel point que si on les décriait au moment de leur installation, elles sont presque aujourd'hui oubliées, tant les passants semblent les avoir intégré dans leur quotidien.
Mais revenons à nos bagages. L'accumulation commandée et installée en 1985 s'élève sur plusieurs mètres dans le
ciel parisien. Aux heures ensoleillées sous les auspices de cieux bleutés les valises qui s'enchevêtrent dans une savante composition bien caractéristique du sculpteur prennent une jolie teinte brillante qui fait ressortir le teint naturel du bronze. Mais sous la pluie et les nuages bas, l'ensemble donne une impression triste, plus que mélancolique et dont la patine sombre évoque presque les heures troubles de la SNCF.
Une invitation au voyage ou bien celle de rester à quai ? Là où la toile, le cuir, le plastique ou le composite des bagages de nos petits et grands voyages ont fait place à un imputrescible bronze dont l'immortalité pérennise ce qui fait nos trajets divers et variés, les allées et venues de notre routine quotidienne comme celles des grands évènements, le temps poursuit toujours sa course, que l'on soit resté ou bien parti. L'artiste n'indique pas s'il s'agit de la consigne de départ, ou bien celle de l'arrivée, à chacun d'imaginer la vie de ces bagages en transit ou bien oubliés.
L'extrême précision propre aux oeuvres du maitre du Nouveau Réalisme en est même un peu énigmatique. On est presque tenté de grimper sur l'amoncellement pour tenter d'ouvrir les bagages qui semblent tenir les uns avec les autres dans une savante composition défiant les lois de l'équilibre et de l'apsesanteur, pour tenter d'en savoir un peu plus sur les propriétaires de ces valises abandonnées à la postérité.
Mais qu'est ce qui a bien inspirer Arman à baptiser son érection métallique "Consignes à vie" ?
Ici la définition de consigne sera forcément celle relative aux dépôts de nos biens dans les gares. Pas de dépôt temporaire comme l'indique le dictionnaire mais ici c'est bien à vie...et il faut dire que la consigne de ces valises géantes qui a débuté dans les années 80 ne semble effectivement pas être transitoire, enracinée comme elle est sur le parvis de la gare.
Le titre gravé dans le bronze indique "Dépôt de l'Etat", mais l'histoire ne dit pas si les présidents se transmettent le ticket de la dite consigne lors de leur transmission de pouvoirs...et ce n'est pas M. Arman qui repose quelques pieds sous terre au Père Lachaise qui pourra répondre à cette question...
Voilà que la douceur printanière vient faire (re)fleurir les murs et les places de la capitale d'un regain d'inventivité, de poésie et de créativité et par là même, m'offrir l'occasion d'un petit entrefilet cousu de fil non pas blanc mais quasi invisible. Le fil des mots, le fil abstrait de la créativité artistique empreinte d'une douce rêverie et d'un peu de mythologie, qui suffit pour renaître une inspiration assoupie par l'hibernation hivernale...
Le vent d'automne, la pluie et le ciel gris....malgré ces trois éléments telles des ritournelles annuelles qui valsent comme les feuilles tombant sur le bitume parisien, il y a dans Paris un peu de poésie et de féerie, qui cette année encore permet de ne pas voir en ce perpétuel cycle saisonnier autre chose qu'une sinistrose de fin d'année...

Il se dégage de ce mariage aussi éphémère qu'harmonieux entre lumière moderne, sculptures, eau et feuilles mortes, une grande poésie, qui bien que versatile, se renouvelle à chaque mouvement des ondes, des gouttes qui tombent dans le bassin inférieur et de chaque irruption de couleur.
C'est une nouvelle rencontre avec l'art contemporain, que j'ai faite samedi dernier sur la Place Maurice Barrès, au pied de l'église de l'Assomption, refuge religieux pour les polonais de France.

Ce vecteur choisi par l'artiste permet il me semble de transmettre un message à portée universelle, doté d'une certaine intemporalité, induisant en chacun d'entre nous un sentiment de nostalgie lié à l'enfance mais aussi celle de la libération créatrice. Repousser des limites que l'on pensait figées.
"Aucun cadran n'affiche la même heure, aucun amant ne livre la même humeur"......en partageant ces deux vers d'une chanson de Bashung, je ne veux pas faire état de mes propres états d'âme mais juste par là, introduire ce billet de nouveau siglé "art contemporain et patrimoine" qui évoquera cette fois ci le temps....."L'heure pour tous" car c'est de cette oeuvre d'Arman installée dans la cour intérieure qui forme le parvis de la Gare St Lazare, dont il s'agit bien ici. Posée au pied de l'entrée de la gare en 1989, cette accumulation de cadrans superposés les uns au dessus des autres, évoque à elle seule un certain nombre de choses.
instant qui n'appartient plus qu'au spectateur qui les croisent sur leur trajet du quotidien, comme sur celui des grands destins.
nous rappeler, à supposer que l'on prenne la peine (et le temps !) d'y réfléchir, quelles sont les choses essentielles de celles qui ne le sont pas, distinguer l'important du superficiel, laisser le temps se figer un peu sur les choses qui valent la peine que l'on s'attarde sur elles et laisser le temps poursuivre sa route pour celles qui ne valent pas forcément la peine qu'on y consacre autant de temps ....Peut être prendre le temps justement de méditer sur la valeur du temps, ce temps si précieux qui passe toujours de plus en plus vite, laissant parfois nos vies avec un pan d'inachevé...et si nous rattrapions le temps perdu en broutilles égocentriques pour prendre le temps de s'ouvrir à l'autre ?
Oui, je parlerai d'ovnis ce soir...Enfin, presque, car ces objets volants qui veillent tels des phares sur les jardins du Palais Royal sont pourtant bien identifiés...C'est en passant ce matin dans les allées sablonnées que j'ai croisé ces bizarreries évoquant de loin des lampadaires mobiles.
Nous devons cette étrangeté artistique à Takis, sculpteur grec contemporain (né en 1925). Cet ensemble de quatre oeuvres composées pour chacune d'elles d'un pied métalliques de 4,50 m de haut présentant deux bras au bout desquels sont fixées des demie-sphères colorées, sont en réalité plus justement appelées"signal eolien". Datant de 2006 il renvoie directement à la démarche générale de l’artiste qui se rattache depuis les années 50 à l'art cinétique (courant artistique fondé sur l’esthétique du mouvement) et plus précisément en travaillant autour des signaux lumineux et sonores construits à partir de tiges métalliques justement. 
Ces sculptures éoliennes, oeuvres des années 2000, tournent donc autour d'un axe actionné par le vent. Elles succèdent, mais sous une autre forme, aux télésculptures, sculptures magnétiques et autres scultpures musicales qui confirment au fil des décennies et des innovations l'attrait, que dis je la fascination, de l'artiste pour le mouvement, le son et parfois aussi la lumière, autant de signaux qui semblent venir d'un autre monde que le nôtre (la référence au ovnis n'était donc pas si inapprpriée...).
poétique. Car même si à première vue, elles peuvent présenter un aspect un peu hermétique, on finit, le mouvement du vent et le silence aidant, à les trouver assez sympathiques. En fait, avec un peu de réflexion et d'ouverture d'esprit on ne peut rester totalement indifférent devant ces demies-sphères flottant au gré du vent....qui trouve aussi toute leur harmonie en compagnie du seul le bruit de la fontaine qui continue à cracher son eau juste à leurs pieds.Une initiative supplémentaire qui nous permet d'ouvrir un peu plus notre horizon culturel et notre sensibilité à concevoir l'art dans tout ses états.
Sur les bords de la rue Saint Antoine, derrière un haut porche, un lourde porte en chêne et une façade en pierre blanche, dans ce coeur du Marais, le Paris de Louis XIII où la place des Vosges n'est à que quelques encablures de l'église Saint Paul, se dresse, majestueux (ou presque puisqu'il ne s'agit pas non plus d'une demeure royale...), l'Hôtel de Sully.
Passez dans les jardins de l'hôtel et vous aurez alors droit à une vision aussi étrange que drôlatique, qui m'oblige finalement à classer ce billet dans ma catégorie "Art contemporain et Patrimoine" plutôt que dans une catégorie d'articles à caractère purement historique. Une apparation (et c'est le mot adéquat) qui ne peut que surprendre le visiteur subitement saisi par un anachronisme inattendu.
creuser des galeries souterraines pour mieux escamoter gazons et plates bandes de eurs propriétaires....Un monticule, donc mais pas de quelques centimètres non, mais plutôt à hauteur d'homme, au faite duquel émerge un museau et deux patounes...De haut, on dirait presque une taupe vêtue d'une grande robe qui rappellerait presque celles que l'on portait à l'époque où furent édifiés ces murs vénérables....Les couleurs naturelles de l'oeuvre se fondent toutefois assez bien dans l'ensemble, ce qui lui permet finalement de trouver assez bien sa place dans ce lieu historique, sans que le contraste ne soit trop violent ou d'emblée caricatural entre la bestiole (qui semble presque retarder le visiteur interloqué, par son oeil goguenard) et l'écrin qui l'accueille.
Au pied de l'Arc de Triomphe l'ambassade du Qatar en France a élu domicile. Si l'entrée est située dans la rue de Tilsitt qui longe de façon circulaire le rond point le plus large, le plus célèbre (mais aussi le plus dangereux !) de Paris, les jardins donnent directement sur la place de l'Etoile, cachée (en partie) par une haute enceinte grillagée. C'est par hasard que j'ai croisé cette (petite (enfin pas tant que ça) douceur, m'inspirant ce billet "art contemporain et patrimoine".
On ne peut jamais éviter, occulter ou passer outre le monumental...et quand il s'agit du "Monumenta" annuel du Grand Palais on le peut encore moins. Il faut dire de plus que, cette année, cet adjectif est de mise et totalement approprié, il serait d'ailleurs presque encore trop peu explicite, faible et flou. Oui, le terme de "monumental" est adéquat car l'oeuvre qui a trouvé sa place sous la nef du Grand Palais s'apparente totalement à la taille digne d'un monument et s'inscrit pleinement dans les proportions de son écrin.
contemporain (où les forme et les lignes évoquent même le futur) corresponde totalement à cette thématique.
qui je l'espère, vous encouragera effectivement par la suite à vous intéresser à la démarche de l'artiste.
de l'oeuvre, joue avec la lumière du ciel parisien qui perce sous le verre du Grand Palais, ne font qu'accentuer ces sensations très particulières. Et comme un enfant, le visiteur ne peut s'empêcher de toucher du doigt cet univers où les sens sont exacerbés : la vue bien sûr mais aussi l'ouïe, comme déformée sous ce toit gigantesque, le toucher...
résine, joue avec les couleurs du Léviathan et celle de la serre qui est aussi impressionnante que le légume en question....
Je pense que cette oeuvre restera dans les mémoires de ceux qui l'auront croisé, d'une part pour sa singularité, son originalité et la performance artistique et technologique qu'elle représente mais tout simplement aussi parce qu'elle est éphémère justement. Ces deux éléments lui donnant, il me semble, la possibilité de passer dans la postérité.
Cela fait longtemps que je pense à elle, entre les lignes de mes billets, le choix des mots (pas le choc des photos, mais en tout cas la sensibilité et la poésie que je peux mettre dans les miennes.....) Chaque fois que je vois les murs du Louvre à travers ses facettes je pense à l'article que j'écrirai sur ce "monument" (un terme approprié aussi bien au sens propre qu'au sens figuré), de Paris. Chaque fois que je passe à côté d'elle je me demande comment je pourrai l'évoquer, avec les mots justes, les plus appropriés à son histoire, à son profil, à sa raison d'être aussi... Je ne pouvais en effet ne pas évoquer la figure de proue de cette rubrique "art contemporain et patrimoine", je veux dire par là notre pyramide nationale, celle qui abrite l'âme et le coeur de notre patrimoine artistique.....la Pyramide du Louvre...
du sol sur une base carrée de 35,42 m de largeur, composée de 603 losanges et 70 triangles de verres. Toute en transparence, actrice mais aussi théâtre d'un savant jeu de miroirs, d'ombres et de lumière...
réalisation aussi surprenante qu'
Une juxtaposition à travers les matériaux où l'acier et le verre répondent en toute légèreté à la pierre et à l'ardoise, une juxtaposition à travers la couleur, une juxtaposition à travers les surfaces planes des facettes de verre et l'amoncellement de sculptures et de bas relief des façades du Louvre....une juxtaposition des époque aussi évidemment...suscitant à celui qui se penche un peu sur ces miroirs du temps, un sentiment d'éternité et d'intemporalité. Une fusion permise par la transparence qu'offre non seulement le verre mais aussi l'eau, qui se fait témoin du mariage entre la pierre d'hier et le verre d'aujourd'hui.....par son jeu de reflet, son chant et sa présence pleine de gaieté, l'eau environnante vient fêter et sceller l'alliance, des matières, des styles et des époques.
fuyant vers le ciel en quête d'absolu et d'intemporalité, notions qui se calquent directement sur ce qu'inspirent les bâtiments même du Louvre : ces murs et ces cours, ces enfilades de colonnades, où résonnent la voix de l'inabouti, de l'inachevé, la conquête de l'espace, la construction, la déconstruction, le pouvoir...exactement comme les pyramides de l'antiquité égyptienne.
Dans le Jardin du Forum des Halles, à quelques pas de "l'écoute" précédemment évoquée, se cache presque aux pieds de l'église St Eustache, sur la partie occidentale de la place René Cassin le Cadran solaire d'Henri de Miller. Commandé en 1988 il est installée et inauguré le 22 septembre 1989.
quarts d'heures. Chacune des fibres optiques passent sous la vague de béton et ressort à son sommet en un point précis. Le sommet de la vague est gradué de quart d'heure en quart d'heure, le seul point illuminé pemettant ainsi de connaitre l'heure solaire du lieu.
Cette allocution d'Henri de Miller et du concepteur du système, François Dandrel, me permet de méditer quelques instants sur les heures de la journée, rythmant ainsi le jour et la nuit. Cette course du soleil sur la vague sans cesse renouvelée, amenant ainsi la succession des jours qui, les uns derrière les autres, deviennent des semaines, puis des mois et des années, nous fait parfois dire, comme Alphonse de Lamartine, dans ces moments que l'on voudrait ne pas voir fuir aussi vite que les autres : "Ô temps suspends ton vol"... Mais rien n'y fait, la course continue...et si les minutes restent des minutes, des jours des jours et des semaines des semaines, on a parfois de plus en plus l'impression que cette course s'emballe et que l'on n'a plus le temps de vivre les instants comme on le souhaiterait.
elle s'inscrit dans un lieu de passage, animant ainsi la physionomie des jardins du Forum des Halles tout en interrogeant et en agrémentant la promenade du passant. Elle trouve ainsi son utilité et sa fonction artistiques, voir métaphysique. Elle sert, comme d'autres sites contemporains de la capitale d’aire de jeux pour les enfants, ou de pause pour les plus grands. Le caractère un peu austère du monolithe est adoucie par la vague à la courbe presque féminine. Les couleurs font écho à l'église qui surplombe l'ensemble ; le bronze répond à l'ardoise, le béton couleur sable et les pavés sont en concordance avec la pierre des murs et des arcs boutants...
Oui s'agit bien d'une devanture dans ce billet, mais pas de n'importe laquelle puisque c'est celle du grand groupe français de communication Publici,s fondé par Marcel Bleustein-Blanchet (voir plus bas), située au pied de l'Etoile, entre l'Arc de Triomphe et le rond-point des Champs Elysées. Un lieu qui me permet encore d'évoquer ce soir le cas d'une "oeuvre" contemporaine dans un contexte urbain historique. Mais cette vitrine ne vient pas de nulle part, elle a son son histoire, sa symbolique, elle est liée à l'aventure du groupe, de sa philosophie et de celle de son fondateur.

astre, le sommet de l'immeuble ainsi réaménagé, et par la même occasion la plus belle avenue du monde.
son style caractéristique l'hiver dernier. La devanture du Drugstore prenant le temps de quelques semaines, un habillage coloré.
acier, formes planes et convexes, une curiosité architecturale qui devrait amener les consommateurs, attirés par cette façade qui sort de l'immeuble, comme une invitation à y entrer, dans ce lieu que le Drugstore définit lui même : comme étant "un luxe à la portée de tous, lieu de référence contemporain pour de nombreux rendez vous tant privés que professionnels qui attire aujourd'hui chaque jour environ 12 000 personnes"....

Non, non je ne parlerai pas chiffon ce soir, ni bambins.... mais bien architecture ....si le titre de ce nouveau billet consacré aux oeuvres contemporaines situées dans un cadre historique peut le laisser croire, il en va pourtant tout autrement.
des Petits Champs, de la rue St Honoré, de la rue des Bons enfants et de la rue Montesquieu se composait de deux bâtiments distincts et totalement hétérogènes : Un immeuble construit en 1919 par Vaudoyer, donnant sur la rue St Honoré pour les réserves du grand magasin du Louvre, bâtiment occupé dans les années 1930 par le ministère des finances. Un second, donnant sur la rue Montesquieu, conçu par Lahalle en 1960, constituant une extension à ce même ministère des finances.
auquel le matériau fait également écho. Ainsi, se marient pierre et fer, entrelacs et sculptures de pierre avec les lignes sinueuses et désinvoltes de ce gigantesque voile arachnéen....l'ensemble sait à la fois s'imposer et rester discret, comme une parure élégante, mais en rien ostentatoire, envahissante sans être encombrante. Ainsi, sur 5 000 m², cet habillage unifie les deux lots originaux en un ensemble harmonieux. Le motif abstrait qui court sur toute la façade pour se terminer au faite du monument vient d'un tableau de Giulio Romano (peintre de la renaissance italienne) et dont l'architecte (ou plutôt l'artiste) a déformé les personnages par ordinateur jusqu'à obtenir ces entralcs se répétant à l'infini. La dentelle ainsi créée et ensuite réalisée dans une plaque d'acier découpée au laser. Mais c'est encore le créateur qui parle le mieux de cette mantille : "Elle est garde du corps et oeuvre confidentielle, elle est cuirasse, armure ou cote de maille, s'attachant à protégéer le ministère contre toute intrusion intempestive".... "la lecture qu'on en a, se déplace sur des valeurs visibles souvent contraires. Celle de la brillance et de la matité, celles de la finesse et de la profondeur, celles du ciselé et du contour flou, celle de la figuration et de l'abstraction...Légère et puissante elle enserre le bâtiment du premier étage aux combles et l'ancre ainsi dans le sol parisien".
De l'intérieur, la mantille (finalement, ce terme s'y prête presque plus...) ne gêne pas la vue des occupants du bâtiment mais crée des jeux de lumière en fonction de la couleur du ciel de Paris. Je serais d'ailleurs bien tentée de dire qu'il en va de même pour l'extérieur, car pour avoir photographié le bâtiment à deux dates différentes, un jour de grand beau temps et un jour de pluie, le rendu est très inégal, la lumière "n'accrochant" pas le métal et le verre de la même manière. Très certainement, j'irai de nouveau immortaliser l'ensemble en fin de journée en été, quand le ciel devient rose, la lumière devant donner un aspect féérique à la dentelle d'acier qui doit alors se transformer en véritable parure sur la pierre. Oui, le Ministère a trouvé son joyau, le quartier historique
a retrouvé et conservé son allure, et le bijou a trouvé son écrin. L'alliance entre le contemporain et l'ancien semble ici plus que jamais réussi. Cet ouvrage est plus qu'une réahbilitation architecturale, c'est une véritable oeuvre d'art.
Il s'agit bien des "colonnes de Buren" que l'on pourrait aussi bien nommer de "Bataille d'Hernani" moderne.....ou bien de graine de la discorde...ou tout au moins celle de la polémique... "Les deux plateaux" puisque c'est le titre véritable de l'oeuvre réalisée par Daniel Buren font donc l'objet de ce nouveau billet évoquant les oeuvres d'art contemporaines nichées dans le patrimoine historique parisien, voire national.
La polémique a enflé, et ce sous toutes ses formes... : médiatique à travers 225 articles de presse dans 45
journaux ou revues ; politique, faisant l'objet de questions au parlement, de recours en justice (notamment par la mairie de Paris de l'époque), par la mise en place de différentes associations de défense du patrimoine, et par de nombreuses pétitions. Pour faire aboutir son projet l'artiste livre un véritable parcours du combattant : Les travaux sont plusieurs fois arrêtés, menacés d'être totalement abandonnés lorsque le ministère de la Culture bascule à droite. Mais plus qu'une querelle politique franco-française, le coeur du problème est bien la confrontation entre art contemporain et patrimoine, et de surcroît dans ce cas précis, un patrimoine extrêmement symbolique. En comparaison, la construction du forum des Halles en lieu et place des anciennes halles de l'architecte Victror Baltard ont fait bien peu de vagues...Pourtant le choix du ministère de la Culture pour ces colonnes avait été jugé plus consensuel que l'option proposée par l'artiste Guy de Rougement qui avait alors suggéré un sol mutlicolore....comme quoi....C'est finalement au tribunal que se joue la poursuite des travaux et l'oeuvre est finalement achevée en juillet 1986, sans pour autant faire l'objet d'inauguration particulière (peut être pour ne pas jeter un peu plus d'huile sur le feu .....).
Si les colonnes ont été vilipendées à leur début, petit à petit les parisiens et les touristes ont fini par les accepter (avec plus ou moins de dégoût, et puis d'ailleurs avaient il le choix ?), faisant l'objet de nombreux clichés photographiques de la part des touristes et le jeux des enfants s'amusant à les esacalader. Suscitant la curiosité, plus par le tapage de leur gestation que par la démarche artistique de leur créateur, elles ont fini par s'installer dans la ville, et le paysage urbain parisien. Au point de devenir même un site emblématique de Paris et de faire l'objet d'un classement au registre des Monuments Historiques. Pourtant au fil du temps l'oeuvre se dégrade, sans pour autant préoccuper les pouvoirs publics. Alors une fois de plus le plasticien s'est insurgé, dénonçant "un vandalisme d'Etat", menaçant de faire un procès pour défendre son droit moral et demandant la destruction de l'oeuvre "si l'Etat n'avait pas les moyens de la restaurer" et si rien n'était fait pour "sauver" ces précieuses colonnes....à la vie si mouvementée... Ainsi, c'est sous l'impulsion du ministère de la Culture que la rénovation a débuté fin 2008 pour se terminer en janvier de cette année, et fêtée par une (re)-inauguration en grandes pompes...... Les travaux ont coûté pour cela la bagatelle de plus de 3,2 millions d'euros alors que le coût original des "deux plateaux" s'élevait à ....1,2 millions d'euros...
Avant de poursuivre la série d'articles consacrés aux oeuvres contemporaines situés dans un cadre chargé d'intensité historique et culturelle, je profite de la toute récente FIAC, dont une partie était visible dans les jardins des tuileries, pour évoquer ici l'exemple même de ce que j'appelle "l'éphémère heureux ".
Rêve ou cauchemar, fantasme ou réalité, j'aimerais savoir quelle problématique l'artiste veut nous transmettre par ce biais, et quel sentiment il souhaite faire naître en nous. Je citerais encore les monumentales haies aux couleurs bleues banche et rouge évoquant ainsi le drapeau français et américain ... je pencherais pour la métaphore du déclin US face aux nouvelles puissances des pays émergents, à moins que ce ne soit une référence à la dégringolade récurrente du sport français ?
imperturbable des statues néoclassiques, elles d'une éternelle beauté, qui, si elles étaient de chair et de sang pourraient bien avoir des hauts le coeur devant pareil panorama.....Le "cinéphémère" a du plaire au cinéphiles amateurs d'art contemporain et vice versa....qui faisait l’objet d'un conteneur vert ouvert à une quinzaine de personnes, pour les amoureux du 7ème art ne souffrant pas de claustrophobie... On pouvait également suivre les "cailloux" habilement semés par le "Grand Poucet" dans l'allée principale du Jardin, permettant effectivement aux touristes de ne pas perdre le Nord dans un tel paysage...
"L'impertinente"....n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un billet autobiographique, c'est un chemin détourné pour arriver au véritable nom de l'oeuvre que je souhaite évoquer aujourd'hui. Si l'impertinence ne fait pas partie de mes qualités (à moins que ce ne soit plutôt mes défauts...), et je ne suis pas plus noctambule. Car il s'agit bien ici des "Noctambules" de la Place Colette (oeuvre appelée dans un premier temps "l'Impertinente")
démarquant, les bouches de métro caractéristiques de l'Art Nouveau. A la fonte et à la pierre mises en valeur par GUIMARD, OTHONIEL préfère le verre et l'acier, mais dans les deux cas les artistes ont choisi d'innover, de rompre avec l'attendu et le classique pour prendre des chemins détournés, dans la forme, la couleur et les matériaux. Hier comme aujourd'hui ils étonnent leur contemporains, et se démarquent de l'environnement dans laquelle l'oeuvre est censée s'intégrer.
Cette image poétique donne aussi un petit air de fête baroque qui se fond dans le contexte du cadre choisi pour élever cette oeuvre. Ainsi, cette bouche de métro qui se démarque des autres, apporte une note de couleur, de gaieté et d’opulence aux lignes structurées, droites et rigoureuses, du quartier marqué par l’architecture classique qui prédomine dans le 1er arrondissement. Si cette "Impertinente" surprend tout d'abord le regard du visiteur et l’interroge (mais n'est ce pas le but ?), comment ne pas être charmé par ce petit "joyau" dans son écrin royal ????
« Fontaines ou sculptures, chacune fera ce qu’elle voudra dans un lieu, elles ne m’appartiennent plus, elles vivent leur vie propre avec leur soleil, leur lune, leur pluie. Quand une fontaine est dans la nature, elle atteint son point final, son apogée ; elle respire, elle s’oxygène » (Pol Bury)
Ainsi, les sphérades qui sous le mouvement de l'eau semblent aussi légères que des bulles, donnent un caractère poétique et fantaisiste au cadre rigoureux de leur emplacement, tout en se conformant à cet environnement, par le caractère immuable, invariable, et perpétuel qu'inspire leur mouvement. L'exposition actuelle de Takashi Murakami au Château de Versailles a suscité à la rentrée la polémique que l'on connait. Cette levée de bouclier contre l'initiative du Domaine National du Château de Versailles me donne l'opportunité de poser une problématique qui me semble intéressante, qui fait depuis longtemps et qui fera toujours débat : La place de l'oeuvre d'art contemporaine dans l'espace (urbain ou pas) à caractère historique et culturel important. J'entendais récemment Jean-Jacques AILLAGON interviewé sur la place donnée aux oeuvres de l'artiste contemporain japonais dans le Château de Versailles, qui expliquait que c'est en définitive l'histoire qui "tamise entre le bon grain et l'ivraie", qui juge "in fine" et qui a toujours en quelque sorte "le dernier mot" sur la perenité de l'oeuvre générale de l'artiste dont il est question.