Il était une fois l'histoire d'une veuve qui, en guise d’investissement, souhaitait faire construire un immeuble de rapport qui lui permettrait de louer quelques 36 appartements à loyers modérés. Pour mener à bien ce chantier d'envergure, elle fit appel à un jeune architecte qui profita de ce projet pour lancer une carrière aussi longue que florissante lui permettant ainsi de poser les jalons d'un art que l'on allait bientôt qualifier de Nouveau....
Guimard pour être précise. Un ouvrage de taille qui va mener le jeune prodige de la pierre et de la ferraille sur les marches de la notoriété, mais surtout de l'innovation aussi bien architecturale que décorative. Ce lieu que l'on qualifiera rapidement d'étrange, d'insolite, voire de diabolique porte le nom d'une résidence, que l'on pourrait presque d'ailleurs retrouver dans un conte... le "Castel Béranger".
C'est donc entre 1895 et 1898 que ce chantier de grande ampleur prend forme pour les affaires de Mme Fournier. A cette époque, Guimard qui se cherche encore va appliquer les principes nés de ses rencontres avec Victor Horta mais surtout Eugène Viollet le Duc à qui l'on doit l'empreinte moyen-ageuse laissée sur la bâtisse.
Si Guimard doit inventer formes et volumes, son cahier des charges comporte également la décoration intérieure de l'immeuble, ce qui fait de cette oeuvre magistrale le spécimen du principe fondamental de l'Art Nouveau : l'unité complète de l'oeuvre. Et comme la propriétaire des lieux lui laisse carte blanche, Guimard en profite pour s'en donner à coeur joie, faisant preuve jusque dans les plus petits détails d'une originalité et d'une inventivité à toute épreuve. Ainsi, de la grille d'entrée aux poignées de portes en porcelaine, tout est pensé, imaginé, conçu et réalisé dans une minutie qui n'a d'égal que le raffinement. Un immeuble de rapport à loyers (dit "modérés"), bien luxueux...
auteur : le bestiaire fantastique en est un beau témoignage : la façade est en effet peuplée d'animaux aussi insolites les uns que les autres...hypocampes, chats, volatiles, petits crustacés....se croisent dans un jeu de couleur aussi raffinées qu'originales. Les matériaux se marient aussi judicieusement que les lignes se croisent et se décroisent dans une fluidité cohérente.
Dans la petite rue Claude Chahu, on trouve quelques bacs de géraniums aux fenêtres et parfois une ou deux plantes vertes aux balcons. Des fleurs qui apportent un peu de verdure dans ce quartier résidentiel parisien du 16ème arrondissement, cossu et tranquille malgré l'animation toute proche de la rue de Passy. Mais en s'arrêtant au n°2, on s’aperçoit facilement que les occupants de cet immeuble de cinq étages n'ont guère besoin d'ajouter une note végétale à l'encadrement de leurs fenêtres. En effet, là, de la porte aux mansardes du dernier étage, l'ensemble des ouvertures est placé sous le signe du monde végétal, et plus précisément sous le règne du chardon.
de l’édifice, comme les angles, les arrêtes, les linteaux et les soubassements) font appel à l'image du chardon, que ce soit à travers les fleurs bien sûr qui apportent une douce note rose pâle dans cet univers bleuté, mais aussi les feuilles et les tiges. Des tiges qui sont clairement évoquées à travers le très beau travail de ferronnerie de Dondelinger sur la porte d'entrée principale.
le céramiste soient d’origine écossaise. L'utilisation aussi prononcée de cette plante piquante des terrains austères qui ne présente aucun intérêt et que l'on classe le plus souvent au rang de mauvaise herbe est elle symbolique ? C'est en effet bien possible, car même si cette fleur qui symbolise bien souvent la douleur du Christ et de la Vierge (mais aussi l'image de la vertu protégée par ses piquants), ne semblent pas répondre à une référence religieuse ici, je vois plutôt dans l'utilisation plus que massive de ces plantes jugées agressives, l'emblème de la ville de Nancy, dont le lorrain Emile Muller était probablement proche pour avoir contribué aux travaux de cet important foyer de l'art nouveau, l'Ecole de Nancy.Le chardon ou la rose ?
La rose ou le chardon ?
Méli-mélo de roses,
de roses et de chardons.
Une question se pose :
où ira le bourdon ?
Sur l’odorante rose
ou le piquant chardon ?
Sur la tombe de Rose,
un peu à l’abandon,
un vieil homme morose
se pose la question.
Bien loin le temps où Rose
partageait l’édredon,
l’amour se décompose
et devient moribond.
Pour chercher d’autres roses
il avait fait faux-bond,
il regrette la chose
et quête le pardon.
Le chardon ou la rose ?
La rose ou le chardon ?
Une question se pose :
où ira le bourdon ?
Sur la tombe de Rose,
un peu à l’abandon,
un vieil homme dépose
des larmes de saison.
Pierre DUPUIS- "La rose ou le chardon"
Plusieurs fois déjà j'ai illustré mes billets par les traits de celles qui seront ce soir les héroïnes de mon roman photo. Non loin de la gare du Nord, dans la petite rue d'Abbeville (qui doit son nom à la proximité de la Gare qui dessert cette ville de la Somme), habitent quatre grâces (oui j'ai bien dit quatre, la mythologie grecque s'est plantée, on a toujours oublié la quatrième, la plus belle, que j'ai donc retrouvé dans cette rue qui sépare le 9è du 10ème arrondissement).
"l'Art nouveau", sous la direction de l'architecte Massa, un immeuble qui occupe tout l'angle de la rue du Faubourg Poissonnière et de la rue d’Abbeville. Au niveau du premier étage, s'offrent au regard du passant, quatre demoiselles, chargées de soutenir les bow windows qui font de cet immeuble un ensemble cosy dans lequel on s'imaginerait bien s'inviter pour prendre une tasse de thé...
En effet, à chaque fois que j'ai croisé le regard de ces apparitions, celles ci m'ont laissé dans une rêverie aussi douce que dubitative, suscitant à chaque prise de vue de nouvelles questions sur leur raison d'être, leur origine, leur présence, ces sourires ajoutant encore un peu plus de mystère. Oui, c'est bien au numéro 16 de la rue d'Abbeville que j'ai croisé la grâce et la beauté.
consoles, grappes de fleurs et de fruits et d'un large cartouche dans lequel était placé à l'origine un angelot. Cette profusion de décors soigneusement agencés, donne une allure générale harmonieuse et élégante, à l'inverse, il me semble de l'exubérance de son voisin le n°14, dont je serai amenée à reparler d'ici peu.
Il est plaisant de pouvoir devant ces visages à jamais figés, imaginer l'histoire secrète de ces dames au sourire mutin et au déhanchement suggestif....Quelle égérie est à l'origine de ces regards et de ces seins à demi dévoilés ? Une danseuse de cabaret ou bien l'image fantasmée d'une sage dulcinées dont la main aurait été refusée au sculpteur amoureux ?
ainsi cacher ce qu'il jugeait sans doute un peu trop découvert.