street art

Street Art : The mysterious "Red Moustache"....

p5050420.jpgUne apparition étrange sur un mur à quelques encablures de la place de la République m'a permis de découvrir un street artist que je n'avais pas encore croisé sur les murs de la capitale. Quelques roses rouges, un regard étrange et grimaçant, un pochoir témoignant d'une certaine maitrise technique en la matière, une moustache à faire pâlir de jalousie le maître Dali, et me voilà devant "the red moustache".

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Une expression artistique inattendue sur les murs de Paris, comme quoi le street art permet toutes les messages divers et variés, allant du romantique au gothique, associant des roses jetées ça et là autour de cette apparition sarcastique au regard fixe sur le passant qui reste pour le moins interloqué devant ce regard étrange qui en dit long sans vraiment se dévoiler...bref du mystère en veux tu en voilà, comme cette signature et cette estampille rouge sang....
Pour en savoir un peu plus sur le travail et la démarche de la "moustache rouge", allez donc jeter un coup d'oeil sur sa page.....

Une rose rouge,
Sauvagement cueillie,
Dans la lueur écarlate,
Du ciel illuminé
D’un soir d’été

Au coeur de la forêt,
Arrachée à la vie,
Cette rose rouge éclairée,
Par le rayon assombri,
Du soleil couchant

Cueillie par un éternel rêveur,
A la quête du mystère de la vie,
Cette rose rouge autre fois si belle,
N’est plus qu’un vieux débris
Mais son souvenir éclatant est éternel

Sa beauté rayonnante demeure toujours,
Dans nos pensées les plus belles,
Tel est de même pour l’amour,
Éternellement éternel,
Même brisé il demeure toujours.

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Street Art : "L'esprit des lois selon Liox"

p5010388-copie.jpgVous avez dit "L'esprit des lois" ? Non,, non, pas d'explication de textes à portée philosophique comme pourrait l'évoquer ce titre faisant référence à l'oeuvre maîtresse de Montesquieu. J'en serais bien incapable et les théories qui étaient alors révolutionnaires pour l'époque de l'homme d'esprit me sont tout de même assez imperméables, malheureusement...mais la référence me semblait se prêter, par association d'idées, au jeu d'une introduction à ce nouveau billet Street art...Si si, un entrefilet aux accents philo-artistico politique, le tout dans un bonnet phrygien...ça se tient...
Alors qu'à l'aube du premier tour de scrutin de notre valse présidentielle à deux temps j'évoquais un candidat que d'aucuns auraient qualifié de "fantaisiste" (en dépit des 500 parrainages qu'il a probablement eu dans le domaine du street art...), j'ai nommé notre ami Roman Kay aux affiches électorales pas dénuée d’intérêt, c'est bien à une autre affichiste mêlant humour, actualité et arts graphiques dont je ferai allusion ce soir en cette veille de second tour de scrutin.

Depuis le début de la campagne présidentielle, j'ai eu l'occasion de rencontrer Marianne à quelques points stratégique d'affluence parisienne. La première fois sur la place du Châtelet, au pied de la fontaine du Sphinx, déjà évoquée entre les lignes de ce blog, la seconde sur les palissades d'enceintes des travaux du jardin du forum des Halles. Un espace de choix pour notre allégorie républicaine qui prend quelques libertés ces derniers temps sous le crayon et le pinceau de Liox. C'est qu'elle a de l’humour la miss, faisant de notre grand messe politico médiatique présidentielle une parenthèse de choix pour une Marianne nationale à la cocarde et au bonnet phrygien un brin déjanté.

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Street artist pas dénuée d'humour et de verve politique, la verve de Liox est la  bienvenue dans cette dernière ligne droite de campagne qui ne fut pas des plus passionnante et à laquelle on ferait bien pied de nez dimanche au lieu d'aller sagement voter pour bonnet blanc ou blanc bonnet ! Le bonnet phrygien de notre dame, lui est parfois un peu détourné, comme ici. La Marianne de feu Faizant en regarderait presque la pointe de ses souliers. C'est que Liox a plus qu'un peu de répartie et pas que sur le plan politique d'ailleurs. Profitant de l'expreession artistique pour transmettre un message mêlant sexualité à la politique (l'un irait il de toutes les façons sans l'autre, lorsque pouvoir, ascendant et séduction sont dans le même bonnet (de nuit, comme phrygien) ?

Tous ses dessins sont autant d'expression joyeuse, épicurienne, légère et empreinte d'une vraie douceur que l'on serait presque tentés d'attribuer à une certaine candeur graphique. La demoiselle aime traiter dans tous les cas le sujet abordé avec un trait aussi simple, que doux, incisif quand il le faut mais surtout avec une douce verve qui rappelle bon nombre de dessins humoristiques qui jalonnent les pages de nos quotidiens avec plus ou moins de succès. Pas de unes de papier pour Liox mais la une de la rue. De quelle plus belle "colonne" pourrait elle rêver ?
Pas d'intrusion picturale violente ou de collages qui souhaiteraenit durer. Non une feuille de Canson scotchée là où elle peut (aussi) être récupérée. Une démarche hautement et autrement altruiste ? Et comme Liox ne fait pas que dans l'élection présidentielle, je vous conseille une visite sur son site internet pour constarer que la belle a plus d'une corde à son arc.

PS : mon message civique reste le même qu'il y a 15 jours. N'oubliez pas votre carte électorale quand vous pointerez le bout du nez dehors dimanche et allez voter ! Pour ou contre quelqu'un, adhésion ou rejet mais exprimez vous...

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Street Art : "Rue Drouot, Baudelaire promène son chien"...

p4220375.jpgMa dernière balade sur la petite reine m'a permise de faire la connaissance d'un joyeux drille que je n'avais jusqu'alors pas croisé à pied. Dans la rue Drouot, dans un angle d'immeuble de bureaux, j'ai vu surgir cette tête de toutou,  mi-goguenarde, mi-amusée, un brin moqueuse, un peu railleuse....En tout cas, ostensiblement joyeuse... Cette petite incursion fait d'un bout de papier coloré, collé à un endroit bien en évidence m'a fait sourire.

Et comme il n'y a à priori rien de particulier à dire de plus sur cette interprétation singulière d'un spécimen canidé, je laisse la place à quelques mots, plus littéraires que les miens, en l'occurence ceux de Baudelaire et vous faire ainsi partager sa propre vision de la gent canine, à travers "les bons chiens". Je ne sais pas dans quelle catégorie se situe celui que j'ai croisé dans mon quartier, sans doute que l'homme de lettre le trouverait quelque peu inclassable pour le coup !

"Je n'ai jamais rougi, même devant les jeunes écrivains de mon siècle, de mon admiration pour Buffon; mais aujourd'hui ce n'est pas l'âme de ce peintre de la nature pompeuse que j'appellerai à mon aide. Non.

Bien plus volontiers je m'adresserais à Sterne, et je lui dirais: "Descends du ciel, ou monte vers moi des champs Elyséens, pour m'inspirer en faveur des bons chiens, des pauvres chiens, un chant digne de toi, sentimental farceur, farceur incomparable! Reviens à califourchon sur ce fameux âne qui t'accompagne toujours dans la mémoire de la postérité; et surtout que cet âne n'oublie pas de porter, délicatement suspendu entre ses lèvres, son immortel macaron!"

Arrière la muse académique! Je n'ai que faire de cette vieille bégueule. J'invoque la muse familière, la citadine, la vivante, pour qu'elle m'aide à chanter les bons chiens, les pauvres chiens, les chiens crottés, ceux-là que chacun écarte, comme pestiférés et pouilleux, excepté le pauvre dont ils sont les associés, et le poète qui les regarde d'un oeil fraternel.

Fi du chien bellâtre, de ce fat quadrupède, danois, king-charles, carlin ou gredin, si enchanté de lui-même qu'il s'élance indiscrètement dans les jambes ou sur les genoux du visiteur, comme s'il était sûr de plaire, turbulent comme un enfant, sot comme une lorette, quelquefois hargneux et insolent comme un domestique! Fi surtout de ces serpents à quatre pattes, frissonnants et désoeuvrés, qu'on nomme levrettes, et qui ne logent même pas dans leur museau pointu assez de flair pour suivre la piste d'un ami, ni dans leur tête aplatie assez d'intelligence pour jouer au domino!

A la niche, tous ces fatigants parasites!

Qu'ils retournent à leur niche soyeuse et capitonnée! Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l'instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l'histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences!

Je chante les chiens calamiteux, soit ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l'homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels "Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur!"

"Où vont les chiens?" disait autrefois Nestor Roqueplan dans un immortel feuilleton qu'il a sans doute oublié, et dont moi seul, et Sainte-Beuve peut-être, nous nous souvenons encore aujourd'hui.

Où vont les chiens, dites-vous, hommes peu attentifs? Ils vont à leurs affaires.

Rendez-vous d'affaires, rendez-vous d'amour. A travers la brume, à travers la neige, à travers la crotte, sous la canicule mordante, sous la pluie ruisselante, ils vont, ils viennent, ils trottent, ils passent sous les voitures, excités par les puces, la passion, le besoin ou le devoir. Comme nous, ils se sont levés de bon matin, et ils cherchent leur vie ou courent à leurs plaisirs.

Il y en a qui couchent dans une ruine de la banlieue et qui viennent, chaque jour, à heure fixe, réclamer la sportule à la porte d'une cuisine du Palais-Royal; d'autres qui accourent, par troupes, de plus de cinq lieues, pour partager le repas que leur a préparé la charité de certaines pucelles sexagénaires, dont le coeur inoccupé s'est donné aux bêtes, parce que les hommes imbéciles n'en veulent plus.

D'autres qui, comme des nègres marrons, affolés d'amour, quittent, à de certains jours, leur département pour venir à la ville, gambader pendant une heure autour d'une belle chienne, un peu négligée dans sa toilette, mais fière et reconnaissante.

Et ils sont tous très exacts, sans carnets, sans notes et sans portefeuilles.

Connaissez-vous la paresseuse Belgique, et avez-vous admiré comme moi tous ces chiens vigoureux attelés à la charrette du boucher, de la laitière ou du boulanger, et qui témoignent, par leurs aboiements triomphants, du plaisir orgueilleux qu'ils éprouvent à rivaliser avec les chevaux?

En voici deux qui appartiennent à un ordre encore plus civilisé! Permettez-moi de vous introduire dans la chambre du saltimbanque absent. Un lit, en bois peint, sans rideaux, des couvertures traînantes et souillées de punaises, deux chaises de paille, un poêle de fonte, un ou deux instruments de musique détraqués. Oh! le triste mobilier! Mais regardez, je vous prie, ces deux personnages intelligents, habillés de vêtements à la fois éraillés et somptueux, coiffés comme des troubadours ou des militaires, qui surveillent, avec une attention de sorciers, l'oeuvre sans nomqui mitonne sur le poêle allumé, et au centre de laquelle une longue cuiller se dresse, plantée comme un de ces mâts aériens qui annoncent que la maçonnerie est achevée.

N'est-il pas juste que de si zélés comédiens ne se mettent pas en route sans avoir lesté leur estomac d'une soupe puissante et solide? Et ne pardonnerez-vous pas un peu de sensualité à ces pauvres diables qui ont à affronter tout le jour l'indifférence du public et les injustices d'un directeur qui se fait la grosse part et mange à lui seul plus de soupe que quatre comédiens?

Que de fois j'ai contemplé, souriant et attendri, tous ces philosophes à quatre pattes, esclaves complaisants, soumis ou dévoués, que le dictionnaire républicain pourrait aussi bien qualifier d'officieux, si la république, trop occupée du bonheur des hommes, avait le temps de ménager l'honneur des chiens!

Et que de fois j'ai pensé qu'il y avait peut-être quelque part (qui sait, après tout?), pour récompenser tant de courage, tant de patience et de labeur, un paradis spécial pour les bons chiens, les pauvres chiens, les chiens crottés et désolés. Swedenborg affirme bien qu'il y en a un pour les Turcs et un pour les Hollandais!

Les bergers de Virgile et de Théocrite attendaient, pour prix de leurs chants alternés, un bon fromage, une flûte du meilleur faiseur, ou une chèvre aux mamelles gonflées. Le poète qui a chanté les pauvres chiens a reçu pour récompense un beau gilet, d'une couleur, à la fois riche et fanée, qui fait penser aux soleils d'automne, à la beauté des femmes mûres et aux étés de la Saint-Martin.

Aucun de ceux qui étaient présents dans la taverne de la rue Villa-Hermosa n'oubliera avec quelle pétulance le peintre s'est dépouillé de son gilet en faveur du poète, tant il a bien compris qu'il était bon et honnête de chanter les pauvres chiens.

Tel un magnifique tyran italien, du bon temps, offrait au divin Arétin soit une dague enrichie de pierreries, soit un manteau de cour, en échange d'un précieux sonnet ou d'un curieux poème satirique.

Et toutes les fois que le poète endosse le gilet du peintre, il est contraint de penser aux bons chiens, aux chiens philosophes, aux étés de la Saint-Martin et à la beauté des femmes très mûres".

Charles BAUDELAIRE

Street Art : "Votez pour Roman Kay !"

p4140364.jpgComment ne pas faire en ce mercredi "street art" un clin d'oeil à notre actualité politique nationale ? C'est bel et bien d'une affiche électorale originale, qui m'a d'emblée fait sortir mon appareil photo, dont il s'agira ici ce soir, affiche qui me permet par la même occasion de faire un petit laïus civique qui a toujours son importance à chaque de scrutin.

Aux côtés des candidats de tout bord, une figure (qui pourrait bien devenir emblématique sur les murs de Paris...) apparait sur le panneau 0....Le candidat Roman Kay !

Personnellement je ne connais pas le programme du candidat Kay, je ne l'ai pas entendu sur les ondes ni vu intervenir dans les nombreuses émissions politiques télévisées qui ont fleuri ces derniers mois.... Peut être prône t-il le street art à l'école ? Des murs sans fin pour pochoiriser et coller en liberté ? Quoi qu'il en soit, ce petit malin a déjà utilisé le support civique métallique comme moyen d'expression artistique...Si je n'ai pu photographier qu'un exemplaire de ses quatre affiches de campagne visibles dans Paris, je peux vous assurer qu'elles sont toutes réalisées avec force de couleurs et de phrases choc (comme tout bon candidat qui se respecte...).
Mais à ce propos, avant de voter (peut-être) pour lui, qui est Roman Kay ? Cep4140364-copie.jpg street artist que je ne connaissais pas (merci donc les élections...), ce colleur en noir et blanc qui ne s’affiche pas uniquement que sur les panneaux éléctoraux mais use régulièrement les murs de la capitale, de façon beaucoup plus poétique (parfois même un peu énigmatique) que politique.

Noir et blanc s'imposant, Roman Kay apparait sous la forme d'une silhouette masculine au graphisme il me semble largement inspiré par la bande dessinée. et dans une mise en scène et une poésie qui ne sont pas sans rappeler celles véhiculées par Banksy.
Roman Kay me parait être encore assez discret, souhaitons que ces élections qui ne lui apporteront peut-être pas le suffrage universel, lui offrent au moins l'occasion de se faire un peu plus connaitre et le pousser surtout à montrer davantage tout son talent sur les murs de Paris.

Ah oui, petit rappel : surtout en ce dimanche, qui ne sera d'ailleurs ensoleillé pour personne, allez voter.....Oui, votez, votez, votez, ne vous abstenez pas, votre voix compte autant que la mienne et que celle de votre voisin.  Si vous ne trouvez pas de bulletin pour le dit Roman Kay qui a fait une campagne éclair sur les panneaux municipaux, pensez à lui dans l'isoloir ! Que vos convictions prennent la couleur du bleu, du rose, du rouge, de l'orange, ou bien encore du blanc, un peu à l'image de ses affiches, pensez à mettre votre bulletin dans l'urne, c'est bien là l'essentiel !

Street Art : C'est l'histoire d'un triptyque...

p3310291.jpgC'est par l'image d'un triptyque que j'entame ce nouvel article street art. Cela faisait d'ailleurs quelques temps que je n'avais pas fait courir mes doigts sur le clavier pour évoquer les rues parisiennes parées de couleurs, de papiers collés reflétant toujours un ensemble de sensibilités enchevêtrées dans un flot de messages plus ou moins lisibles, mais surtout plus ou moins vus et appréciés. 

Un triptyque donc....un triptyque n'existe que s'il est bel est bien composé de trois pièces formant par là même une seule et même œuvre. Il en va (un peu) de même avec ce troisième billet que je consacre, une fois de plus, à mon street artiste préféré, celui qui donne à Paris son petit grain de folie douce, de poésie et qui laisse sur ses pas un parfum évanescent de légèreté artistique. Ces quelques lignes s’inscrivent en effet dans la suite logique des deux précédentes tentatives "d'explication de texte" (si l'on peut dire...) de cette écriture qui reste toujours aussi élégante que furtive, un peu insaisissable mais qui colle si bien à la peau du support utilisé.

Peut être aurez vous deviné si vous avez déjà parcouru mon premier articlepb190126-1.jpg (mais aussi le second) qu’il s’agit pour la troisième fois de celui que j'ai surnommé le "Chevalier de Cœur" qui poursuit encore et toujours sa croisade, ici en plein Paris mais aussi un peu (et parfois même beaucoup) plus loin... Un troisième opus donc qui constitue ainsi avec les deux premiers, un vrai triptyque, à l'mage de celui qui devrait sans doute bientôt orner mes murs. 

Si sur mes cimaises personnelles les dessins de Fred le Chevalier continuent de s'aligner, celles de  la rue, les cimaises "publiques", ne sont pas non plus en reste cher lecteur, car depuis mon dernier entrefilet, l'artiste a encore approfondi son sujet, perfectionné son trait, et ainsi sévi à coup de petits cœurs rouges et de regards impassibles, apportant par la présence de ce microcosme qui tourne au cœur de notre propre petit monde parisien souvent gris et anonyme, un peu de fantaisie et de rêverie.

Depuis mes premiers clichés affichant un dessin encore réservé, des personnages parfois un peu trop perdus dans des escaliers et des murs souvent esseulés, le "Chevalier de Coeur" a franchi quelques étapes et gagné de nombreuses batailles p3310297.jpgurbaines. La conquête des murs, certes, au fil des semaines puis des mois de pérégrinations faites de coloriages, de découpages et de collages, mais aussi la conquête des parisiens. Car à force de rouleaux de papier, de coups de pinceaux et de mots sibyllins il a apprivoisé tous les quartiers mais surtout charmé le coeur de leurs habitants.

Presque surpris de son succès (que j’avais pourtant un peu pressenti…), le Chevalier continue de dessiner, de coller, d'arpenter et de poursuivre son chemin tapissé de petits et grands (voire très grands) papiers découpés,  vouant à la rue plus de considération qu'aux galeries qui ouvrent désormais leurs portes au dessinateur discret.

Car depuis mon deuxième tome j'ai finalement croisé l'auteur de ces incursions dessinatoires. Oh non, pas pour un de ces interrogatoires journalistiques dont il n’est pas vraiment féru mais pour une simple rencontre amicale et artistique. J’ai ainsi fait la connaissance d’une vraie sensibilité intérieure aussi joyeuse qu'originale et volubile, que cachent avec pudeur une réserve et une retenue naturelles. Une grande générosité qui m'a permit de comprendre un peu mieux le petit monde en noir et blanc qui se déroule tous les jours sous nos yeux.

Un totem qui trône maintenant sur mon bureau, quelques sérigraphies et unepb190134.jpg poignée de badges plus loin, un fichier de photos numériques qui s'épaissit encore et toujours et me voilà encore à vous conter les aventures de ces bouts de papier à la vie bien brève pour certains mais pour d'autres beaucoup plus longues.

Les amoureux se tiennent toujours par la main, regardent vers le même destin, se fondent dans un baiser ou dans une osmose qui n'appartiennent décidément qu'à eux ; veaux, vaches, cochons, loups et tout ce qui peut s'apparenter au monde animal ou son dérivé surnaturel viennent ponctuer la vie de ces êtres en pleine quête...De quoi d'ailleurs ? Peut-être tout simplement de rien !.....ou bien si, de ce que vous souhaitez, car à chaque dessin, l'interprétation que chacune de nos sensibilité veut bien lui attribuer. Là où certains verront une fillette portant un foulard sur la bouche, imitant la tenue d'un cow-boy, d'autres verront un bâillon ou un pseudo signe religieux. Bref, ces collages sont source d’imagination pour chacun de nos regards, chacune de nos références personnelles.

Il en va de même pour le monde des "totems" personnalisant bien souvent les rencontres et les amitiés du Chevalier, au gré de ses références diverses et variées. 

pb190135.jpgCréant ainsi sa propre mythologie née d'une inspiration littéraire, musicale et artistique multiple, l'artiste use d'une iconographie qui lui est véritablement propre, où les symboles s'entremêlent avec les actions et où le phrasé se traduit aussi bien par le trait de crayon que par les mots qui quelques fois les complètent, se suivant dans l'ordre poétique, un brin absurde même, que leur auteur a bien voulu leur donner. Message subliminal pour certains, limpidité pour l’esprit créatif qui les composé, maximes, dictons, proverbes, pensées, sentences et autres citations, ces mots doux accompagnent les arabesques formant ainsi un ensemble dans une cohérence aussi incompréhensible qu’évidente. A la croisée des chemins parisiens, les mots viennent alors souligner dans un halo de courbes et de volutes l'esprit en perpétuelle quête d'un autre univers qu'il souhaiterait rapprocher du notre....

Si la récurrente du cœur rouge est toujours là il y a encore eu bien des évolutions ces derniers mois dans les carnets de croquis de celui qui semble derrière son oeil vif et rêveur à la fois toujours partagé entre le monde qui le garde sur terre et celui, qui tourne presque un peu à l'envers, un peu plus haut vers les étoiles. A l'image de ces personnages dotés de jambes de bois et de ces chats qui portent ici et là costards et cravates venant, pourquoi pas, nous indiquer que nous  nous comportons peut être un peu parfois comme des animaux, pas si évolués que cela...

Les premiers dessins qui ne mettaient souvent en scène qu'un ou deuxpb190142.jpg personnages ont laissé place dans certains cas à de véritables scénettes où le papier est entièrement recouvert de ce trait invariablement précis, sûr mais si léger que, quand bien même une page entière serait noircie, elle resterait aérée et agréablement agencée....

Et puis, les petits bonhommes ont muté, admirablement grandi, comme dopés à une hormone artistique surnaturelle, à l'instar de ce couple qui a traversé en courant la cour du centre Pompidou, juchés sur ces désormais insignifiants mais gigantesques tuyaux blancs, qui il y a quelques décennies faisaient pousser des cris d'orfraie aux bien pensants parisiens à l'âme un peu trop conservatrice. Un esprit que l'artiste ne s'est pas fait sien. Non, toujours en avant, en recherche, marchant, que dis je, courant sur les chemins de la poésie, sur les allées d'un monde imaginaire où il fleure bon les sentiments heureux, la sérénité ponctuée néanmoins de cette inamovible réserve qui se lit toujours autant sur les visages de ces personnages à l’apparence bien sage… A l’image de leur créateur ? (le point d’interrogation ne me semble pas de trop…). Enfin, là où la signature avait du mal à apparaître dans les premiers collages, le pseudonyme a pris toute sa place, souvent sur cette banderole à l'esprit troubadour, comme si l'artiste assumait enfin au grand jour tout son talent.

p3310294.jpgLa surface du support utilisé, le papier, rend l'ensemble du dessin encore plus lisse et accentue encore le sentiment de pureté et de dépouillement renforcé par le choix de laisser la plupart du temps le blanc s'opposer au noir. Un support graphique sans aspérité qui vient épouser celle des murs qui eux, en ont vu et en connaitront bien d'autres....Mais c'est bien quand l'œuvre est apposée dans la rue, qu'elle prend la patine du temps à coup d'averses parisiennes, de graffitis en tout genre, qu'elle s’effiloche au gré du vent comme de la bêtise des passants, qu'elle prend ainsi sa véritable étoffe, sa personnalité et vit enfin sa propre histoire loin du bureau, des crayons et des ciseaux du dessinateur. 

Et puis, il n'y a pas que l'espace de la rue...quand l'artiste franchit le pas d'une galerie et que les cimaises à ciel couvert remplacent, même ponctuellement, celles qui s'offrent à ciel ouvert au passant de tout poil, c'est que le dit artiste se voit conféré une reconnaissance du monde du marché de l'art et par là même des intérêts économiques divers et variés, prenant ainsi (un peu faussement parfois) le pas sur l'intérêt artistique mais surtout humaniste qui reste intrinsèque à l'esprit et à la démarche pure et simple du street art.

C'est d'ailleurs pour ces raisons que je préfère aller à la rencontre du "Chevalier de Coeur" là où je sais qu'il se sent le mieux, c'est à dire dans la rue, quand bien même les endroits sont parfois gris et sales, là où ses dessins sont bien au jour et à la vue de tous,  à l'image de ce petit homme de la rue du Temple vêtu de son manteau d'hiver et coiffé d'une paire de cornes, se détachant sur ce mur jaunep3310286.jpg patiné par les passages multiples des artistes offrant à cette cimaise urbaine utilisée à qui mieux mieux un supplément d'âme et à ce collage venant ainsi apporter sa voix à cet art "participatif", un caractère particulier.

La rencontre de cet art furtif et passager est bien plus belle dans la solitude d'une rue que je connais pourtant bien, l'animation d'un quartier que j'apprécie, un lieu de passage qui m'est familier et qui me l'est encore plus par la présence devenu coutumière de cette famille et de cette faune parfois étrange (toutefois sans jamais être véritablement étrangère) depuis que je cherche, je croise, je traque parfois, ces bouts de papier collés je le sais, avec joie et humour, philanthropie et dérision, mais surtout avec cette sensibilité et cette générosité aussi pudique qu’authentique.

Alors oui je le reconnais, je suis dithyrambique dès que je parle du "Chevalier de Cœur" ; oui, mon lyrisme va un peu à contresens de la simplicité du trait et de la mise en scène dépouillée qui caractérisent les œuvres de notre ami, mais qu'importe, cet article est tout d'abord un remerciement pour celui qui fait pb190127-1.jpgnaître un sourire sur mes lèvres à chaque fois que je croise un de ses dessins dans la rue, invariablement dans le Marais, souvent dans les dédales du cœur de Pigalle, ou encore dans une rue inattendue, créant ainsi une heureuse surprise.

D'aucuns diront certainement que mon discours autour de ces dessins fait preuve d’une admiration touchante, peut-être même d’une vraie naïveté, un peu à l'image de ces visages purs et candides. C'est sans doute que leur sensibilité ne tient pas le même langage que ma propre sensibilité, il est vrai à fleur de peau, qui apprécie celle "à fleur de papier" s'exprimant limpidement à travers cette poésie et ce graphisme singuliers.

Un grand merci donc pour Monsieur Fred le Chevalier de continuer malgré ce succès ascendant, croissant et qui ne se dément décidément pas, de faire de mon Paris de coeur, la plus belle des galeries (et un grand merci à tous les lecteurs qui seront allés jusqu'au bas de ce long billet !).


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Street Art : "Un ange passe"...

Au coeur de Paris, dans mon Paris de coeur, j'ai quelques fois croisé une bien étrange apparition, tel un ange sur les vieux murs de la capitale s'affiche le doux profil d'un enfant, fille ou garçon, un fantôme parisien aux ailes aussi aériennes qu'elles sont éphémères puisque dessinées à la craie. Tel un portrait comme aimait les réaliser Cocteau, ce visage léger et évanescent m'a bien souvent intriguée.

Le dessin est simple, le trait sûr et la main habile guidée par une sensibilité qui transparait si bien à travers ce regard perdu dans une poésie ambiante qui s'inscrit si simplement sur les façades patinées par les siècles. En quelques traits blancs, ondulations et points judicieusement placés l'ange est dessiné, l'ange est passé. Et comme il est furtif, l'auteur prend le soin de signer cette apparition légère, d'une date de réalisation et alors que je n'explique pas cette coïncidence qui semble se répéter régulièrement, je passe très souvent, le jour même, ou juste quelques jours après que l'artiste ait sévi...

Les anges en plus de ne pas avoir de sexe sont aussi prompts que subtils, rapides, furtifs, on ne les voit pas passer on ne les entends pas mais ils laissent un joli souvenir sur leur passage.....

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"Voici ce qu'un ange m'a dit
Un jour où je me promenais dans la rue
Ne croyant plus en rien
Qu'en la pauvre misère du monde
Ma ville est le paradis de l'anonymat et de l'ennui
Et à toi seulement je le dis
Que si c'était de moi je partirais d'ici
Ma ville est le paradis des anges perdus, sombrés dans l'oubli
Mais je sais que tu ne crois pas
T'as jamais reconnu le son de ma voix
Demain on verra
Si tu ne m'as pas oubliée
Puisque sans toi, je n'suis personne
Demain on verra
Combien de temps tu pourras rester
Seule sans jamais aimer personne
Ma ville est le paradis de tous ces rêveurs
Qui ne dorment pas la nuit
Je la vois dans toutes ses illusions
Je suis parmi ces gens qui n'ont pas de nom
Demain on verra
Si tu m'as encore oublié
Puisqu'avec toi, je ne suis personne
Demain on verra
La solitude dans un café
Pleurant de n'avoir aimé personne
Qui viendra me sauver moi
Je voudrais être comme toi
Dis-moi, qui viendra me sauver moi
Je voudrais être comme toi
Dis-moi, pourquoi, les hommes
Ne voient pas les anges
Demain on verra".

"Street Art Minou"

img-1058.jpgDes chats, des chats et encore des chats...décidément ce félin des villes est bien partout dans la capitale...au printemps dernier, j'avais déjà repéré rue Quincampoix cet animal tracé d'une main aussi agile que coquine (un peu à l'image du matou finalement), que j'avais instinctivement baptisé "Street art minou"....(oui, je reconnais je suis plutôt bon public...), ce clin d'oeil un brin farfelu tout droit sorti d'un imaginaire espiègle m'avait bien séduite, un image positive qui fait spontanément sourire et qui laisse un brin admiratif devant ce faciès vecteur de sentiments et d'émotion fait pour autant d'un simple trait...

J'ai croisé plusieurs fois "Street art minou" pendant des mois à différents endroits et à chaque entrevue je me suis dit qu'un mercredi il faudrait bien que je lui dédie un petit article. Chose dite (enfin intérieurement), chose faite.   Mais pourquoi cette frimousse coquine apparaît elle sur les murs ? Quel ami des bêtes s'amuse à dessiner aussi rapidement que furtivement cet animal jovial e malicieux ? Est ce une résurgence du célèbre "Chat noir" montmartrois qui viendrait hanter aujourd’hui quelques murs un peu esseulés ? Il n'y a probablement aucun message particulier à travers ces quelques coups de crayons bien ajustés, sinon celui de faire partager une ou deux secondes souriantes et l'amour pour ces bestioles à fourrure et aux yeux d’agate.pb200162.jpg

Quoi qu'il en soit à chaque apparition du fauve citadin je ne peux m'empêcher de penser que décidément l'animal en question est définitivement une inspiration inépuisable pour les street artistes comme pour les poètes qui s'en sont d'ailleurs largement inspiré depuis le XIXème siècle.

Artistiquement parlant il y a ma foi peu de choses à dire sur ce chat citadin, d'ailleurs si vous cherchez sur la toile des images de chat du street art parisien vous ne croiserez pas mon "Street art minou" ...Vous verrez bien sûr M. Chat, en long en large et en travers, le "Cachou" de Marlène, le "Minnaloushe" de JB, le chat anarchiste de la butte Montmartre qui n'aime ni Dieu ni les croquettes, le discret Catwalk, et peut être le chat aventurier de Fred le Chevalier, mais vous ne verrez pas le clin d'oeil du Minou qui, la moustache en bataille, vous regarde d'un oeil un peu goguenard.

Alors pour que réparation soit faite à celui qui permet aux visages les plus renfermés de se dérider, voici un petit hommage à mon "Street art minou" tout en poésie, à travers ces quelques vers qui conviennent très bien à ce chat artiste.

 

"C'est un art délicat, que d'appeler son chat :
Le baptiser n'est pas un simple passe-temps.
Je ne travaille pas du chapeau, croyez-moi,
Mais sachez-le, un chat a trois noms différents.
Un chat a, tout d'abord, son nom de tous les jours,
Comme Pierre ou Jean-Paul, Aglaë, Pompadour,
Comme sylvain ou Luc, Chat-fouuré, Cyprien...
Tous sont des noms sérieux, pour chats bien de chez nous.
Mais un chat a besoin, il faut que ça se sache,
D'un vrai nom personnel, un nom plus majestueux.
Sans ce nom, il ne peut pas redresser sa queue,
Affirmer sa fierté, hérisser ses moustaches.
Des noms de cette sorte, en veux-tu, en voilà,
Comme Méta-Mhétyl. Ouitchi, Kalikola...
Mais par-dessus tout ça, il reste encore un nom,
C'est le nom que jamais nul ne peut deviner,
C'est le nom dont jamais nul ne saura le nom,
le chat qui le connait ne veut le révéler"...

Thomas Stearns Eliot - "Comment appeler son chat"

Mon chat parisien

pb050020.jpgIl y a déjà quelques semaines, je livrais dans un billet un premier opus en hommage au chat parisien, le chat que nos amis street artistes aiment souvent afficher sur nos murs. En croisant un des derniers collage de M. JB, l'envie m'a pris de composer à nouveau un petit laïus sur nos amis à fourrure et à quatre pattes, au regard hypnotique et à l'âme indépendante.

Et en composant ces premières lignes, je repense soudainement à une "histoire de chat", un souvenir de chat parisien qui me touche directement. Il y a deux ans maintenant, par une soirée d'été, alors que les fenêtres laissées ouvertes jours et nuits, tentaient de faire passer un peu d'air, un félin au manteau roux et aux yeux verts vint me faire une visite "de courtoisie". Le matou avait fait irruption en longeant le toit des Folies Bergères qui jouxte directement mes pénates, pour atterrir directement dans ma baignoire....le sol glissant blanc des sanitaires ne semblant pas l'effrayer (l'indélicat semblait avoir déjà emprunté le chemin en mon absence et effectué un repérage "in situ"), il apparut devant la propriétaire des lieux plus qu'étonnée et surprise.

Passé les quelques minutes d'étonnement réciproque pendant lesquels nous nous sommes dévisagés, le minou en deux ou trois bonds agiles et habiles qui caractérisent la souplesse féline, monta sur ma mezzanine pour prendre la posture du sphinx, le menton relevé et les yeux clos, ronronnant de bonheur et visiblement très à l'aise dans sa nouvelle litière (en l'occurence la mienne....). En constatant que l'animal connaissait déjà bien mon univers, je pris le parti de profiter de cette petite compagnie impromptue, laissant le minet aller et venir à sa guise. Ce petit manège se renouvela plusieurs fois pendant l'été, puis le froid revenant, les fenêtres se refermant, mon ami des Folies Bergères épris de liberté ne revint plus....mais le souvenir de ce pacha de caractère me fait encore sourire....

Pour illustrer de façon plus appropriée les traits de ce "Minnaloushe" qui s'affiche sur les murs de la rue de Charonne et qui n'appartient qu'au monde des rêves que JB nous invite à entre apercevoir ici et là dans Paris, je laisse les vers de William Butler Yeats, qui mieux que mes mots, donnent vie à ce chat fantastique plein de douceur et, qui sait, peut être une fois les lumières de la ville éteintes, dans la nuit noire, ouvre enfin les yeux....

"Le chat s'en allait ça et là,
La lune tournait comme une toupie,
Le plus proche parent de la lune,
Le chat rampant, leva les yeux.
Minnaloushe rampe dans l'herbe
De flaque de lune en flaque de lune,
Et là-haut la lune sacrée
Commence une phase nouvelle.
Minnaloushe a-t-il conscience
Que ses prunelles changent sans cesse,
Qu'elles vont du cercle au croissant,
Pour aller du croissant au cercle ?
Minnaloushe rampe dans l'herbe,
Solitaire, sage, important,
Levant vers la lune changeante
Ses yeux changeants".

William Butler Yeats - "Le chat et la Lune"

Street Art : Mayec ou "What's on everybody's mind"

img-0737.jpgIl y a  quelques mois déjà, j'avais tenté d'expliciter ou tout au moins de mettre en lumière, le travail de Miss Lili Tonnerre, dont les bombes sculpturales s'affichaient sur les murs du second arrondissement. Dans les mêmes rues que ces demoiselles aux tenues et aux poses affriolantes,  étaient également apposés les collages d'une artiste, dont je souhaitais ce soir évoquer rapidement et poétiquement le travail....une artiste aux multiples talents, issue du même regroupement d'artistes que la Miss du Tonnerre, l'atelier 29, j'ai nommé Maycec (pour ne citer que son nom d'artiste et respecter ainsi sa véritable identité).

Si vous êtes un autochtone du quartier du Sentier ou s'il vous arrive de passer par les rues de ce quartier animé et créatif, vous avez peut être remarqué ces têtes de profil, collées sur le mur. La première que j'ai croisée était posée dans un recoin de la rue Montmartre à coté d'une brune pulpeuse. Si j'ai commencé par évoquer Lili Tonnerre, je savais qu'un jour je finirais par dédier un billet à l'artiste, acolyte qui l'accompagne dans ces virées où pinceau et colle sont brandis tels des étendards....

Ces têtes de profil en grand format sont soigneusement et esthétiquement réalisées à partir d'un réseau de lignes sinueuses, telles des vagues, des ondes, des arabesques qui ondulent telle la danse de la créativité et de l'imagination....

Ces ondes à "consonnances" psychédéliques que l'on retrouve dans de nombreux travaux de l'artiste, marquent indéniablement la présence de la plume et du pinceau outils de prédilection pour l'artiste qui aime travailler l'encre de Chine, à l’image justement de Maycec. Dans ce rythme graphique réside l'idée de la matière : vaporeuse, tymuyltueuse, volumineuse, voire scatologique, mais dans tous les cas, ce réseau de ligne est pensé, réfléchi, organisé. Chevelure fantastique, superstrucutre imaginaire, reflet d'une vie intérieure et antérieure ?

A l'image de pensée tumultueuses, complexes, éphémères, évanescentes, persistantes ? Tant d'adjectifs peuvent tenter d'illustrer ces vagues s’enchevêtrant, ces dédales de lignes de courbes qui dansent dans ce crâne dénué d'identité...
Expression graphique poétique par excellence, celle ci atteint son paroxysme, quand l'artiste ajoute au coeur de ce cerveau un symbole supplémentaire : ici un éclair (radioactif?), là un coeur, qui comme sur cet exemple de la rue Montmartre a été découpé pour être collé à quelques centimètres du visage.

Cette image d'un visage, enveloppe charnelle, concrète, tangible, renfermant ce graphisme, métaphore de tout ce qu'un cerveau peut imaginer, laisse tout supposer : réminiscence, projections intérieures, identité, quête, telles sont les idées que m'inspirent ce visage aussi anonyme qu'universel dont la trame est tout aussi fantastique qu'imaginaire.

Et comme finalement, ce profil me laisse un peu dubitative, je laisse ces quelques vers, tout aussi mystérieux, terminer ce billet...
"Je vogue doucement 
sans trêve jour et nuit,

Grâce aux rames
sourdes et rimées

De mes rêves vagues
déferlant, diaphanes

Et ondulant, évanouis,
en couleurs irisées

Tel des reflets ravis
flottant à leur gré

Sur l'onde profonde 
de tes yeux azurés

Langoureux, éloquent
qui pénètrent mon âme"

Street Art : Le "Petit Poucet" aime la mosaïque, la poésie...et le mystère...

img-0027.jpgRobert Desnos sur le mur de l'église St Merri, Eugène Varlin au pied de Montmartre, telles sont deux figures que j'ai croisé récemment dans Paris, mais pas de n'importe quelle façon, par l'intermédiaire d'un artiste et plus précisément un mosaïste, bien discret, bien mystérieux, qui à l'image du Petit Poucet, dissémine ici et là quelques petits cailloux blancs...

Je ne pourrais en effet difficilement qualifier et nommer autrement la sensibilité artistique dont il s'agira ce soir, qui en toute discrétion, joue, tel le graçonnet du conte de Perrault, à semer de petits "cailloux blancs" dans les rues de la capitale, pour mieux aiguiser notre curiosité (enfin, en tout cas au moins la mienne :)...). Et "cailloux blancs" n'est pas seulement qu'une image puisque notre Petit Poucet dispose, associe et compose à proprement parler un assemblage savant de petites pierres taillées en minuscules cubes...

L'artiste qui pose ces quelques centimètres carrés de pierre habilement combinées sur les murs de Paris m'est encore inconnu (l'anonymat semble d'ailleurs plutôt recherché par l'auteur de ces véritables oeuvres d'art à part entière), mais quoi qu'il en soit, celui qui met des hommes de lettre et des hommes de pensées sur notre chemin quotidien n'est certainement pas dénué de culture, loin de là.....mais plutôt bien inspiré et revendiquant une fibre originale et artistique sûre.

La mosaïque que l'auteur nous propose à ciel ouvert, sur jamais plus de 10 cm² n'est pas une simple mosaïque au sensimg-1885.jpg que nous connaissons, car notre artiste est également un fin dessinateur, portraitiste de surcroit et c'est enfin un esprit imaginatif, un brin surréaliste parfois, puisque la composition évoquant le militant Varlin n'est pas uniquement réalisée que de minuscules morceaux de pierre mais également d'éléments insolites, à l'image de cette puce électronique enchâssée dans le ciment. Symbole de l'anachronisme entre deux époques, celle de la Commune durant laquelle Varlin se distingua et la nôtre ?
Une ode à la fuite du temps mais pas de ces esprits penseurs qui laissent malgré le renouvellement d'idées et de générations, une trace de leur idéal, de leur vision du monde et de la vie ?
Il y a ma fois, bien des suppositions, des supputations et des élucubrations à émettre sur ces petits tableaux dont les personnages principaux restent aussi muets sur la raison de leur présence que sur l'identité de l'artiste qui les a sortis du placard de l'oubli....

img-2861.jpgAlors ces mosaïques, un langage codé ? peut être, à l'image de ce monogramme (enfin ce qui m’apparaît en être un, fait de ces deux lettres encastrées (G et J ?)) et qui vient systématiquement signer chacun de ces petits tableaux, parfois bien cachés..... Un signe cabalistique, un signe distinctif ? Je ne saurais dire mais en tout cas, croiser ces réalisations minutieuses, autre travail d'orfèvre, c'est un peu comme croiser un "caillou blanc" du Petit Poucet, inpirant pour peu qu'elles représentent une personnalité de notre histoire (culturelle ou pas), un brin de curiosité, presque aussi forte que celle que suscite l'anonymat de cette démarche artistique bien originale.....

Et quels mots plus appropriés pour achever ce billet que ceux de Robert Desnos évoquant dans son célèbre "Veilleur du Pont au change", notre Paris fébrile, mais poétique, de l'Occupation, qui accompagnent le portrait du poète plaqué sur le mur de l'église St Merri ?

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Street Art : "Cachez ce sein que je ne saurai voir"...

img-3748.jpg"Cachez ce sein que je ne saurai voir".... Une réplique du Tartuffe de Molière pour faire de ce billet street art un billet littéraire ??? Non, non mais il s'agira tout de même malgré cette brève introduction aux inspirations lyriques caractéristique des comédies du grand siècle, d'une évocation de l'art urbain de notre siècle à nous....et dont l'expression graphique m'a immédiatement évoqué cette célèbre rétorque.

Vous aurez peut-être remarqué ce dessin récurent sur les murs de Paris, fait d'un trait dansant en quelques courbes et d'un point judicieusement placé...Une évocation néo érotique ? Je ne saurai dire.....Mais c'est comme cela que mon cerveau primaire l'a interprété... en effet, c'est ce que cette courbe coquine a spontanément fait naître en moi, en même temps qu'une réflexion aussi fragile que ce dessin, autour de l'expression libre urbaine faite d'un tout petit rien, tout comme ce trait courant autour de ce point suggestif.

Bien sûr avec une expression aussi fugace et délibérée que celle ci, il ne peut s'agir que d'une signature d'un joyeux grivois dont le but n'est pas nécessairement de fournir de grandes réflexions sur le street art ou sur la cause féminine  parisienne...non, non...d'ailleurs cette signature urbaine n'évoque peut être pas du tout les mêmes idées dans l'sdprit de ce graffeur anonyme (peut-être un brin fétichiste) que dans le mien.... ?

Et puis il faut bien rappeller que l'anatomie féminine, aujourd'hui presque galvaudée, a de tout temps aussi bien intrigué qu'inspiré les hommes. Il suffit d'ouvrir un livre d'histoire de l'art ou de parcourir les galeries d'un musée pour le vérifier. Quant à l'influence qu'elle exerce sur nos publicitaires et autres communiquants actuels, elle n'est plus non plus à démontrer....Ce "sein" parisien est donc dans l'air intemporel et inconditionnel....du temps.

Pour terminer ce billet qui gardera ainsi une (toute) petite connotation littéraire, je laisse la fantaisie, la malice et la justesse des mots de Monsieur Poquelin prendre leur place au côté de cette courbe élégamment pointée.

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir. »
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
et cela fait venir de coupables pensées".

Je ne pense pas que ce sein là fasse naître de coupables pensées aux promeneurs parisiens du XXIème siècle qui ne le remarquent sans doute même pas, mais il aura au moins le mérite d'avoir inséré quelques vers de la comédie classique dans ce billet du mercredi....

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