Après le descriptif du décorum, voici à présent le fonctionnement de la maison...je vais donc dans ce nouvel article sur les secrets des maisons closes parisiennes, relater en quelques lignes comment se déroulait le recrutement au sein du "One two two" et évoquer en quelques mots son règlement intérieur.
Si les jeunes recrues étaient bien traitées dans des établissements du niveau du 122, du Chabanais ou du Sphinx, elles subissaient néanmoins, si ce n'est une audition, du moins un examen d'entrée assez poussé...En effet, qui disait maison "de qualité", disait filles de qualité, et qualités....et si les tenanciers voulaient une clientèle irréprochable, il fallait qu'il en soit de même pour les pensionnaires... J'ai déjà évoqué les rabatteurs qui sillonnaient les provinces pour ramener non pas de la "chair à canon" (encore que l'image ne soit pas non plus si décalée que cela...) mais pour les maisons closes haut de gamme ce n'était pas toujours le cas. Bien souvent les adresses étaient 
La jeune femme devait également pouvoir présenter un corps parfait, sans traces de maladie, de cicatrice ou d'opérations malheureuses, il fallait pouvoir présenter des corps et des organismes sains à une clientèle qui venait là pour rencontrer la fine fleur parisienne....la fleur devait donc être fraîche, sans tache et sans épine.... Enfin, la fleur ne devait pas non plus avoir eu des démélés avec le justice, ce qui serait du plus mauvais effet dans une maison où venait la meilleure société, et les plus puissants et les personnalités...
A propos de chiffres et de règlements d'ailleurs.... Le contingent du One Two Two s’élevait à une soixantaine de filles environ qui vivaient à l'extérieur et venaient travailler dans la maison de 14h00 à 5h00 du matin. Elle avaient droit à une journée de repos par semaine et un jour férié par an, le 25 décembre. Elles arrivaient vers midi et en sortaient à la fermeture, à l'aube.... Sur place, leur étaient offerts les services d'un coiffeur, d'une manucure, d'une pédicure et d'une lingère. Ce qui représentait un personnel de 40 employés et auxiliaires de maison.....Tous ces chiffres additionnés on arrivait à une véritable petite entreprise....et qui visiblement ne connaissait pas la crise !!!!!!! Là encore, mais dans le sens opposé au "Panier fleuri", on est bien loin de la Maison Tellier....et de ses trois filles de joie pour quelques messieurs endimanchés...Sur ces 7 étages de plaisir, le 7ème ciel (euh je veux dire le 7ème étage) étant néanmoins réservé aux proproétaires.....
Les sept étages que comptait le "One two two" aux meilleures années de son activité étaient partagés en 20 chambres, 10 salons, 12 douches, sans compter l'entrée, les corridors, les antichambres, le restaurant situé au 6ème étag et enfin l'appartement personnel des propriétaires au sommet de l'immeuble.
La gouvernante faisait un signe à la jeune femme qui immédiatement s'avançait, le sourire aux lèvres, sa robe longue détaillant dans sa marche des rondeurs appétissantes. Les autres pensionnaires gardaient la pose jusqu'au départ du couple, ballet immuable, protocole qui s'effectuait pour chaque client."Tout au long des murs, des colonnes droites et pures, surmontées d'arceaux, entouraient un lit bas posé sur un tapis d'un vert délicat. Peints en trompe-l'oeil sur les vides de cette architecture, un temple sévère dédié à quelque déesse, les collines de Rome, des statues antiques au nu provocant, des personnages au péplum".
Mais aussi la chambre africaine :
"Il n'y avait qu'une porte à pousser. Des masques africains grimaçaient leur éternel sourire bariolé. Au-dessus d'un grand lit recouvert d'une étoffe à boubou, des lances de guerriers s'entrecroisaient sur les murs tendus de jute où nageait un crocodile. Une tête de sorcier à corne de rhinocéris, couverte des signes rituels, était accrochée comme un trophée de chasse. Un haut tam-tam faisait office de table. [...] une peau de lion, gueule ouverte sur des crocs menaçants, observait de ses yeux de verre. Pour parfaire l'illusion ou compléter la réalité, le rideau de la fenêtre dessinait un palmier sur le fond d'un désert. Et, ne vous y trompez pas, totems, armes et lion n'étaient pas du toc". En effet, lances, arcs, flèches, masques massaï et ce lion gisant en descente de lit étaient des étaient autant de trophées acquis de Marcel Jamet au cours d'expéditions et rapportés pour apporter le dépaysement et l'exotisme aux nuits parisiennes...
Et que dire de la "chambre du corsaire" qui était la réplique d'une cabine de capitaine au long cours, les bois des parquets, murs et plafonds avaient un parfum aussi subtil que rassurant, mêlé de pin et de cire...Sur la table se trouvait des cartes de navigation, des sextants et des jumelles de cuivre. Au pied du lit, un minuscule canon comme sur les bateaux des pirates... et ce lit...insensé... Une sirène aux seins fermes captive à l'un des montants du grand lit à baldaquin. Une échelle pour grimper sur le pont au cri de "Voile à l'horizon !" mais sa particularité tenait surtout à son mécanisme ingénieux : le matelas reposait sur une structure qui basculait selon le mouvement des corps qui s'ébattaient, reproduisant ainsi le roulis des vagues, à mesure que la tension et la température montaient.....un voyage assuré....
Quant à "la transatlantique" , elle était toute blancheur, avec ses armoires d'acajou et de .glaces. Des hublots de lumière électrique. Lit profond beige sur moquette beige, tout évoquait les croisières de luxe."..pont supérieur avec un horizon peint au mur, rien n'avait été oublié, bastingages, bouées de sauvetage, transats, mouettes, et monsieur avait même à sa disposition un costume blanc de commandant casquette assorti, faisant de lui le pacha de ce navire immobile.
"Pour les délicats, il y avait encore "la Caravelle" : vitraux, angelots soufflant dans des conques marines, meubles de haute époque, armoiries et, au-dessus du lit, une rose des vents pour indiquer le cap du bonheur"....
"Au port, il restait à prendre le train : le P.L.M. Paris-Lyon-Méditerranée. La voyageuse était peu farouche. Les inconnus lui plaisaient. Et, vous n'aviez très vite plus aucun doute, elle adorait faire l'amour dans un sleeping. Au-dessus de l'étroite couchette, le mini-éclairage d'un wagon-lit mettait en lumière vos ébats, bercés par le bruit régulier d'un train en marche. Derrière la vitre du compartiment, le paysage - campagne et gares - défilait de toute sa longueur de toile montée sur déroulant. Il avait suffi pour déclencher le double mécanisme d'appuyer à l'entrée sur un bouton". Cette chambre incroyable directement inspirée de l'Orient Express était très prisée des clients, et parfois longtemps réservée à l'avance. C'était là la possibilité de réaliser un fantasme les plus courants de ces messieurs, l'occasion d'une relation dans un compartiment avec une belle inconnue....et comme l'explique effectivement Fabienne Jamet, aucun détail n'avait été oublié....ni le bruit lancinant du chemin de fer, ni le paysage défilant derrière la vitre des régions traversées....
"Mais les âmes vagabondes pouvaient descendre à la première station où la Chambre des foins leur tendait les bras. Au mur, des grands arbres, une petite route départementale, des prés verdoyants à perte de vue. Un moulin à vent qui battait des ailes sur sa colline. Au plafond, un faux grenier débordait de foin. Un dessus-de-lit vert, parsemé de petites marguerites en relief, qu'on aurait dit posé sur une couche de paille dorée. Couchés dans le foin avec le soleil pour témoin..." Et puis, au pied du lit, de l'autre côté d'une petite barrière blanche, une brouette attendait que le fermier achève de culbuter la bergère".
"Mais, ce périple achevé, tout restait à voir. Vous ne connaissiez encore ni le féérique ni l'inquiétant... Vous ne connaissiez pas la magie de la chambre des glaces. Il y en avait deux dans la maison. Leurs plafonds et leurs murs étaient couverts de glaces biseautées. Allongée sur le grand lit, seul meuble de la pièce, l'amie de l'heure, cent fois, mille fois semblable à elle-même, était reflétée sur toutes les facettes de cet étrange diamant. Chacun de ses gestes devenait le nombre infini d'une même caresse.
Plus on allait vers le ciel, plus on se rapprochait de l'enfer. L'inquiétant, le blasphématoire étaient à un autre étage : la Chambre des Supplices. Une grande croix de bois, semblable à celle du Christ, faisait face à l'entrée. Des bracelets d'acier tenaient lieu de clous.
Sur un ordre, la jeune femme vous enserrait chevilles et poignets et vous écartelait. Libre à vous de recevoir le fouet, d'entendre siffler la longue et fine lanière de cuir sur vos épaules, votre poitrine, d'ajouter enfin des chaînes au plaisir raffiné de votre supplice."
Ainsi donc voilà ce que cachaient les murs du 122, austères de l'extérieur, mais derrière lesquels on batifolait allègrement.... A suivre...
Sources : "Le roman des Maisons closes" (Nicolas Charbonneau et Laurent Guimier - Editions du rocher - 2010)
"One two two" : Fabienne Jamet - (par l'intermédiaire de "Chimères, les plaisirs et les femmes au tournant du siècle").
Ce calembour me permet d'introduire de façon légère et amusante ce nouvel article, en deux volets (c'est approprié..u_u) sur les maisons closes parisiennes... Si le dernier billet sur le sujet revêtait un caractère sinistre et sordide, je tiens à metttre celui-ci sous de meilleurs auspices, sous le regard coquin d'Eros et les yeux de velours de Vénus....en vous décrivant la vie d'une des maisons les plus recherchées de Paris. Maison devant laquelle je suis passée de bien nombreuses fois, sans jamais imaginer qu'elle avait été le théâtre de drôles d'histoires, abrité des décors fabuleux, des visites mondaines et un train de vie luxueux....Ce premier volet permettra d'établir un bref historique des lieux, alors qu'un second sera orienté sur son intérieur même.
Chabanais, il devient durant la période de l'entre deux guerre le lieu le plus chic et le plus élégant, animé par des jeunes femmes au corps parfait qui ne sont que grâce, distinction, gaieté et sourire .... On va au "One" comme on va au club, pour passer un moment heureux, insouciant, les habitués ayant leurs rituels et leur coutumes....
meublés, et enfin un restaurant au dernier étage, "Le boeuf à la ficelle", table étoilée de la restauration parisienne de l'époque : Le menu était identique tous les jours de l'année : du boeuf à la ficelle accompagné en toute circonstance de caviar et arrosé de champagne. La table-bar en forme et de fer à cheval y restera célèbre, de même que les serveuses en tenue d'Eve agrémentée d'un simple et unique tablier blanc, sur talons hauts, coiffée d'une fleur de camélia dans les cheveux...adresse culinaire où les clients se rendaient parfois uniquement pour se retrouver et diner, sans passer par les chambres situées juste en dessous. Au 122, les conversations étaient douces, comme les moeurs, "le tout Paris venait pour être vu, mais aussi surtout pour voir (..) au son d'un fox trott, d'un tango ou d'un slow. Célibataires, couples légitimes ou illégitimes, personnalités ou inconnus buvaient, riaient et dansaient", comme l'aime à le rappeler Fabienne (qui devient la seconde épouse de Marcel Jamet en grande pompe et en pleine occupation en 1942....), dans ses passionnantes mémoires.
Si le titre de ce nouvel article évoquant la vie, un peu cachée, des maisons closes parisiennes peut suggérer l'image d'un journée printanière de deux joues roses et d'un regard mutin, de robes légères et de parfums....il n'en est malheureusement rien......le "Panier fleuri" fait tristement partie de la fine fleur (pas de jeux de mots ni d'association d'idée, hélas) des maisons d'abattage que comptait la capitale entre la fin du XIXème siècle et le XXème siècle....maison aux volets aussi clos que fatigués, pure et simple métaphore de l'état des jeunes femmes qui occupaient cet établissement, qui, s'il ne payait pas de mine avait néanmoins une activité florissante.

Mais qui étaient donc les clients frappant à la porte de ces clapiers ? Et bien déjà il n'étaient pas à frapper à la porte, mais tout simplement à faire la queue devant l'entrée du bordel, attendant leur tour pour quelques instants de plaisir purement anonyme, dans le cadre le plus crasseux, avec des filles qui n'exprimaient plus rien, devenues des poupées mécaniques, sans rien d'attrayant, vieillies avant l'âge, maltraitées par les tenanciers de la maison, à qui personne ne donnaient un sourire, un vrai regard, des filles dont on ne connaissait pas le nom mais dont on connaissait pourtant la peau et ce qui fait l'intimité d'un être humain.... Les clients constituaient la plupart du temps le contingent de la classe ouvrière parisienne, les immigrés ou les soldats dont le portefeuille et la condition ne pouvaient prétendre à meilleur standing et service plus luxueux....
Et comment ne pas oublier la petite Valentine, venue de Normandie qu'elle avait fuit pour, pensait elle, une vie meilleure, séduite par un rabatteur lui promettant de la faire sortir de sa vie misérable d’orpheline
Dans cette nouvelle évocation du Paris secret, tabou, croustillant et sulfureux, je voudrais évoquer la vie, un peu parallèle, d'une maison close de la fin du XIX, siècle, comme celle de la "Fleur Blanche" qui avait pour hôte singulier, mais régulier (puisqu'il y résidait), Toulouse-Lautrec et qui fut le cadre de quelques uns de ses plus célèbres tableaux.
lassitude. Les journées occupées par les visites du médecin, ou du vendeur de lingerie, robes et autres falbalas (payés par les deniers des demoiselles qui étaient poussées au maximum à toutes les dépenses possibles pour entretenir la dépendance à l'établissemnt qui les hebergeait), par la toilette et l'habillage (souvent esquissés par les artistes de l'époque), par la tenue de petit "livre de comptes d'amour" pour certaines (y étaient mentionnés les clients, non nommés mais décrits par leur particularité, ainsi que le montant versé pour chacune des passes). L'alcool et la cigarette étaient aussi en soi des occupations pour tuer le temps jusqu'aux premiers clients....les journées se suivaient et se ressemblaient, selon le règlement propre à chacune des maisons, les semaines étaient séparées (dans le meilleur des cas) par une journée de sortie.
"La maison Tellier"....c'est en référence à la nouvelle de Guy de Maupassant décrivant la vie d'une maison close normande de la fin du XIXème siècle que je souhaiterais délivrer ce billet qui fait suite à l'introduction intitulée "Paris à fleur de peau". En effet difficile d'évoquer objectivement quelque chose aujourd'hui officiellement disparu, sans tomber dans le fantasme (pas d'associations d'idées, du tout, du tout...), l'erreur, la désinformation, l'exagération en tout sens. Dans ce premier article évoquant le sujet (qui après réflexion et recherches,
Si les lupanars existent depuis que le monde est monde (le terme vient de la Rome antique où l’on qualifiait les prostituées de « lupa » pour "louves" évocatrice de la bestialité sexuelle mais aussi en référence aux vagissements de Romulus et Remus qui auraient été recueillis par une prostituée), c’est à partir du Moyen Age que naît véritablement une réglementation en France . Notre pays, après avoir adopté une position (sans association d’idée aucune…) de répression absolue sous le règne de Charlemagne, la tolère à partir du règne de Louis XI. Le roi met en place un véritable système permettant juguler le fléau, jugé alors nécessaire pour prévenir de plus grands désordres sociaux. Des "bordels publics" sont ainsi érigés, financés par les deniers municipaux et tenus par des abbesses ou des tenanciers. Ils sont parfois placés en bordure d'eau (d'où le terme de "bordeau" pour le jargon, qui a ensuite laissé place au nom que nous connaissons davantage "bordel"...).
Mais c’est à partir du XVIIIè que ces établissements commencent à connaitre un éclat particulier et à entrer dans la vie publique à part entière,
à travers les "clubs". Toutefois, "les maisons closes" à proprement parler, enregistrées et tolérées par les règlements de police, apparaissent sous le Directoire pour connaitre leur période faste entre la seconde moitié du XIXème siècle et la seconde guerre mondiale, ce qui correspond à peu près à la IIIème république. La fin des années 1930 et le conflit international voient le déclin des maisons closes, pour aboutir en 1946 à la loi Marthe Richard abolissant ce type de commerce. Toutefois personne n’ignore qu’aujourd’hui ces établissement, s’ils n’ont pas leur légitimité, existent toujours, sous d’autre forme, parfois maquillée, ou de façon détournée. Quoi qu'il en soit, la prostitution s'adapte depuis la nuit des temps aux évolutions de la société.
S'agissant des caractéristiques et de la façon dont été régies les maisons closes, il faut savoir que les "dispensatrices de plaisirs charnels" étaient recrutées par des "placeurs" qui sillonnaient la province en promettant monts et merveilles à celles qui les accompagneraient à la capitale. Les "maquerelles" ou "tenancières" (un homme n'avait pas le droit de tenir une maison close) devait faire une requête auprès de la préfecture de police de Paris pour pouvoir ouvrir un établissement. Une enquête était alors menée, la préférence étant donnée à des femmes de plus de trente ans, la plupart du temps elle même d'anciennes prostituées. Elles étaient tenues de faire respecter le règlement intérieur (propre à chacune des maisons closes) et de donner à chacune des filles tout le nécessaire pour les soins de propreté, et veiller à ce que leur ouailles soient suivies médicalement (2 visites obligatoires par semaine par un médecin qui passait, ou réalisées en dispensaire). En cas de maladies, les prostituées étaient immédiatement placées à l’hospice afin d’y recevoir les traitements adéquats.
Il était exigé que les lupanars, soit signalés, et reconnaissables de l'extérieur, par une lanterne rouge (à partir du Moyen-Age), ou par le numéro de porte, qui devait être d'une taille plus importante que les autres. Au début du 19 siècle, quand le summum du racollage fut atteint (les femmes publiques avaient en effet pour habitude d'aguicher les passants en restant à leur fenêtre, racollant, souvent dénudées, dans des poses lubriques, et laissaient même parfois leurs fenêtre ouvertes pendant l'exercice de leur métier, à la vue des passants et du moindre vis à vis), on imposa de masquer et de fermer les fenêtres qui devaient être désormais en verre dépoli, ou bien de garder les volets clos. Par contre, les escaliers et les intérieurs devaient être éclairés en permanence. Cette façon de distinguer "les maisons closes" faisant partie du règlement.
Dès 1820, les jeunes femmes sont enregistrées à la Préfecture de Police où leur est délivrée pour chacune soit une carte ("les filles en carte" sont celles à laquelle la police impose une carte de fille soumise) ou un numéro, pour les résidentes des maisons closes (dans les deux cas, celles dérogeant au règlement, sont des "insoumises").
Si l’Etat règlemente autant ce commerce c’est qu’il y trouve aussi son compte, fiscalement parlant. En effet, le prélèvement au XIX ème siècle est fixé entre 50 et 60 % des bénéfices.
Enfin, on distingue quatre types d'établissements, allant des "maisons d'abattage", ouvertes à toutes, aux prix modiques et où la
notion "d'abattage" sous entend bien que le rendement journalier revêt un caractère industriel... jusqu'aux "maisons de grande classe", réservées à la clientèle huppée et fortunée qui présentaient des jeunes femmes triées sur le volet, dans des salons luxueux. Lieux de mondanités, les personnalités y défilaient dans des décors dignes des mille et une nuit. La plus célèbre restant le Chabanais. Entre les deux se trouvent "les maisons de rendez-vous", soit des appartements privés où les jeunes femmes se présentaient à heures fixes (nombre d'entre elles étaient bourgeoisement mariées), et où elles touchaient 50 % du prix demandé par la maîtresse de maison. Les clients ne s'y croisaient pas, deux ascenseurs étant ainsi
Pour les étrangers les maisons closes parisiennes avaient aussi au XIXème siècle la réputation de rivaliser entre eux pour offrir des spécialités dans toutes les sortes de perversions que l'on pouvait imaginer, en présentant dans tous les cas des lieux de raffinement et de plaisir érotique.
Quant aux chiffres eux-mêmes, il est parfois difficile de rendre des statistiques exactes…..surtout si l’on doit faire la part entre ces différents types d'établissements. On estime toutefois qu’environ 200 maisons closes sont répertoriés par la police vers 1850 à Paris, contre une soixantaine vers la fin du siècle, les bordels clandestins comptabilisant tout de même 15 000 filles. Certains chiffres sont même édifiants : entre 1870 et 1900 155 000 femmes sont officiellement déclarées prostituées et durant cette même période la police en arrêtera plusieurs centaines de milliers d’autres, pour prostitution clandestine.
Les prochains articles évoqueront les maisons closes à des périodes plus précises.
L'automne voit la réouverture des volets et des portes.....des maisons closes......ce qui appartenait au caché, au tabou et au privé revient aujourd'hui dans la vie publique. Déjà au printemps le sujet suscitait le débat quand une parlementaire proposait la réouverture de ces établissements. Mais c'est à la rentrée que l'actualité l'a le plus évoqué : par la diffusion de la série télévisée sur une célèbre chaine cryptée et par la parution de l'ouvrage "Maison closes parisiennes, architectures immorales des années 1930" . C'est ce dernier élément qui m'a donné envie de me pencher sur le sujet remis ici et là sur le tapis (non non pas la descente de lit, ça viendra plus tard).... dans plusieurs blogs et dans des tribunes de grands quotidiens, car tout ce qui est tabou, transgressif et sulfureux est curieux, voire attirant....
mettant un peu plus de lumière sur cette facette de la vie parisienne, occultée, secrète où la limite entre vie et mort, plaisir et souffrance, ombre et lumière, rire et larmes, richesse et pauvreté, argent et misère, grandeur et décadence..... est souvent ténue. Si ces façades où ne filtrent jamais la lumière du jour évoquent à elles seules le monde de la nuit, du répressible et du honteux, elles n'en reflètent pas moins un univers et un commerce bien existants. S'il prend d'autres formes aujourd'hui ce monde "parallèle" a encore, d'une façon ou d'une autre, sa place dans Paris.