La rue du Faubourg St Denis cache un certain nombres de surprises, à travers des recoins, des passages et ruelles méconnues....Après avoir évoqué les passages du Prado et Brady, voilà encore ce soir un petit exemple supplémentaire marquant combien Paris cache de petits secrets de son patrimoine urbain, architectural et artistique.
Mais au bout de quelques pas fait dans la demie obscurité, deux petits témoignages laissés par un autre temps, une vie parisienne d'un autre âge vont à la rencontre du promeneur qui s'est hasardé à franchir le seuil de ce couloir...
C'est sur un sentiment de désir que je termine cette série de billet consacrée aux passages couverts de Paris ; le printemps étant arrivé et les températures devenant même certains jours presque estivales, il n'y a plus aucune raison de s'abriter sous des verrières, il s'agit bien maintenant d'oublier le spleen hivernal. Le ciel se dégage, l’hibernation s'achève d'autres billets nous mèneront dorénavant à l'air libre.....sous un ciel clément et un soleil souvent radieux.
De la Galerie Vivienne à la Galerie Colbert, il n'y a qu'un pas...encore un pas de plus et vous vous retrouvez à la table de Désiré dont je parlais pas plus tard qu'hier soir...La galerie Colbert en forme d'un petit L (oui, je reconnais celui ci est un L majuscule...), dont le coude a permis la réalisation d'une jolie verrière. venue concurrencer celle sa voisine Vivienne. Elle permet également de relier la rue des Petis Champs à la rue Vivienne.

Monuments historiques....preuve du désintérêt du public et des pouvoirs publics pour ce lieu...Elle retrouve grâce auprès du Ministère de la Culture en 1974, date de sa réinscription.
sur Eurydice, sculpture de Charles-François Nanteuil posée sous le puits de lumière qu'offre la rotonde et qui en fait la décoration principale, à l'endroit même où avant ses travaux trônait un magnifique candélabre en bronze portant une couronne de sept globes de cristal, éclairés au gaz, que l’on appelait le "cocotierlumineux". La galerie bordée de demi-colonnes en faux marbre, est ornée de motifs polychromes. La peinture visible au-dessus du porche d'entrée représente Colbert favorisant le Commerce.
Vivienne.....ce simple nom évoque en moi des souvenirs d'une époque où je commençais à connaitre et à découvrir Paris... quelques images se rappellent à ma réminiscence....non loin la rue Rameau, le square Louvois, la Bibliothèque Nationale, la rue des Petits Champs et ses multiples boutiques, et à l'est Louis XIV sur son piédestal posé place des Victoires.....sous la verrière de la Galerie Vivienne la douce lumière ocre qui descend du ciel répond à la couleur des murs met en valeur l'ambiance. Elégante et chic, animée et entretenue par les commerçants qui y exercent comment par les parisiens qui les fréquentent.... le temps se ralentit devant les bas reliefs antiques, les yeux se ferment, pour mieux s'imprégner de cette ambiance particulière....où flottent les parfums et les odeurs du salon de thé, les couleurs des vitrines de mode et d'accessoire, le bruit des talons sur la mosaïque de Facchina.... mais revenons à la réalité pour mieux vous décrire cet endroit....
On doit ce lieu élégant de flânerie, de shopping et de détente, à Me Marchoux, président de la chambre des notaires qui confia à l'architecte Delannoy en 1823 la construction d'une galerie sur les bases du passage des petits pères déjà existant, donnant sur la rue de la Banque. Le passage ouvre au public en 1826, sous le nom de Galerie Marchoux, patronyme rapidement abandonné au profit du nom de Galerie Vivienne, à la consonance féminine 
"Moi qu’ai vécu Passage Choiseul, dix-huit ans, je m’y connais un peu en sombres séjours !… "
Le passage Choiseul est l'aboutissement, au Nord, de la rue du même nom (en hommage à l'homme politique influent de Louis XV) et relie la rue St Augustin à la rue des Petits champs qui constitue une longue artère commerciale du second arrondissement,
Et puis, c'est aussi au début des années 1970 l'hôte du couturier Kenzo avant que ce dernier ne déplace ses boutiques quelques centaines de mètres plus loin sur la royale et chic Place des Victoires.
En sortant du Passage Brady, près de la Porte Saint Denis et en redescendant la rue Saint Denis, on aboutit, au niveau du numéro 145, à un passage couvert qui dénote presque dans ce quartier aux commerces en tout genre (!?)...en effet s'il n'y avait pas de l'autre côté la rue Montorgeuil on se demanderait presque ce que fais ce couloir élégant non loin du tapin et des ateliers de confection du sentier...et pourtant...le passage du Grand Cerf que j'évoque ce jour est très couru, prisé, apprécié et référencé...

On dit parfois que les autres passages lui ont fait par la suite de l'ombre car à leur inverse il présentait cette particularité d'offrir des espaces de création et de fabrication lui donnant un caractère moins luxueux, car moins orienté vers la vente. Si ceci pouvait être vrai au XIXè, ça ne l'est plus aujourd'hui.
caissons du plafond aux deux extrémités de ce couloir et l'éclairage naturel participent à l'ambiance chic et sobre tournée vers la création artistique. La hauteur de plafond contribue nettement au côté élégant et bourgeois général.
Des rives de l'Euphrate nous passons à celles de l'Indus.... une façon poétique et métaphorique d’introduire ce nouvel article pour expliquer qu'en traversant simplement quelques passages cloutés nous passons du Passage du Prado au Passage Brady...
restaurants (même si le haut de la rue du Faubourg St Denis me semble plus refléter "la petite Inde"). Il est d'ailleurs amusant de constater comment ces pakistanais ont su jouer sur la note "exotique" que ces restaurants peuvent offrir aux parisiens du quartier (ou peut être tout simplement des touristes en mal de dépaysement, ou encore par les autochtones du Passage et de ses alentours retrouvant ainsi leur traditions culinaires....).
peut véhiculer de clichés religieux ou traditionnels, quand on sait que les personnes qui tiennent boutiques et restaurants du passage Brady sont la plupart du temps musulmans ?
totalement ce melting pot à la française, dans un décalage qui en fait en réalité tout son charme et sa particularité. Mais voyons de plus près en quoi le décalage est aussi flagrant qu'amusant...pour cela il suffit de remonter simplement le temps...
Créé en 1785, (il serait donc le premier passage de Paris puisque les Panoramas ont été construit en 1799), il est ouvert sous le nom de "Passage du Bois de Boulogne", du nom d’un bal qui s’y donnait. A cette époque, il était découvert, mais la rotonde existait déjà. Il ne prit sa jolie couverture qu'en 1925, toiture qui est d'ailleurs clairement marquée par le style artistique de l'époque, mais aussi par ce qui fit l’évènement cette année là, l'exposition des arts décoratifs...Ainsi ce sont les arcs boutants de carton pierre (mélange de sable et de carton moulé sur une structure en fer) en enfilade courant tout le long du parcours qui marque le plus le passant, pour peu qu'il lève un peu la tête ; des fleurs sculptés et des pilastres ornent ce qui devait faire office d'éclairage au début du 20ème siècle....peut être des boules en verre poli, qu'ont aujourd'hui remplacé des ampoules LED nues...
dans la journée n'y habitent pas (ce sont des résidents "de jour", la plupart habitant en effet en banlieue), il est aussi frappant qu'amusant de voir travailler, se côtoyer et parfois habiter toutes ces communautés dans un cadre qu'ils ont autant apprivoisé qu'adopté, bien loin de leur propres références culturelles,
Certes, le calembour est facile mais il a pourtant son sens et son explication....très simple même...voici en tout cas une petite entrée en matière pour traiter en quelques lignes le passage couvert qui séduit les deux précédemment évoquées dans mes deux derniers billets dominicaux...à savoir le passage des Panoramas et le Passage Jouffroy.
histoire, est l'initiateur du système de location de linge pour hôtels et meublés), il présente une décoration intérieure (que l'on doit à l'architecte Jacques Deschamps) épurée, dans le style néo-classique cher aux innovations urbaines du début du XIXème siècle. Un grand lanterneau court le long de la voûte "en arrête de poisson" que j'appelle plus frugalement "chevron"...
plus encore, Verdeau, c'est prendre le temps d'un déjeuner à l'Igolosi, figure de proue du "Slow food" du 9ème arrondissement (un concept en plein développement...), c'est remonter le temps en feuilletant un vieux livre d'enfant, ou admirer la délicate et raffinée vitrine de la mercerie chic, et féminine sur laquelle veille le buste d'un mannequin des années 50... Ou encore rechercher une photographie qui vous étonnera (la dite galerie de photos est présente sous la verrière depuis 1901...et facilement reconnaissable à son enseigne) et puis passer devant le cabinet de curiosités qui affiche parfois des décorations plus que particulières, s'arrêter devant les présentoirs du bijoutier qui rend les perles et les pierres d'une grande délicatesse, en toute simplicité...Le Passage Verdeau abrite en effet quelques ateliers de création artistique, le plus étrange restant celui qui accueille les visiteurs arrivant de la rue du faubourg Montamrtre....et quel accueil....pour s'en charger, une biche (vous faisant à peine de l'oeil...(!)), vous attend, artistiquement (enfin plutôt curieusement) juchée sur ses pattes arrière et surtout parée de bijoux. La vitrine sur laquelle elle veille n'est pas pour le moins étrange : un pan est en effet parsemé de petites écrins renfermant des miniatures, accompagnés de légendes qui n'ont rien à envier à mes jeux de mots et autres finesses d'esprit... 
Si l'on passe sous les Panoramas, on sera forcément tenté de poursuivre le voyage par le passage Joufroy que l'on rejoint en traversant simplement le boulevard Montmartre qui sépare les deux voutes par un simple passage piéton et deux trottoirs...il permet de continuer une promenade amusante, entre le grand boulevard et la rue de la Grange-Batelière.
sa vitrine des souvenirs sucrés entre meringues, financiers, cannelés, sablés et autres gourmandises qui rappellent les mercredis ou les dimanches après-midi transformés en ateliers cuisine... Un voyage sensoriel auquel fait écho quelques mètres pluis loin "la Cure gourmande" qui comme son nom et son affiche l'indiquent invite le client à un flashback enfantin, (où la culpabilité n'existe pas) entre pyramide de caramels soigneusement emballés et boîtes de biscuits colorées....
A quelques carreaux plus loin on trouve un expert en minéraux, un amateur de curiosités, un coiffeur (si si..), et en bout de passage, l’hôtel Chopin qui, avec sa pendule sous la verrière, marque le pas des promeneurs, le temps parisien, le temps du passage (!) de chacun sous ces quelques dizaines de mètres de verre...le temps que chacun s’accorde pour s'attarder près des vitrines, ici à sentir une bougie parfumée, par là à s'interroger devant des curiosités, prendre le temps de feuilleter un livre d'art, ou d'être en admiration devant un petit tableau ou une photographie qu'exposent les quelques galeries situées juste en haut des marches donnant sur la rue de la Grange-Batelière...
Reliant plusieurs rues en un petit dédale de quelques artères couvertes de verre, il permet de parcourir 133 mètres de long sur une largeur de 3,20 mètres. Sa première caractéristique est de présenter un plan composé d'une artère principale à laquelle se greffent plusieurs autres, en parallèle comme en perpendiculaire, débouchant soit sur un cul de sac soit sur une sortie. Passage privé à usage public, comme la plupart des galeries couvertes de Paris, le Passage des Panoramas (puisqu'il s'agit de lui) est inscrit au registre des Monuments Historiques depuis 1974.
d'échange important pour les férus de timbres dans Paris), les restaurants minuscules (mais non dénués de personnalité, à la décoration parfois approximative, mais toujours dépaysante et curieuse...) qui rendent ce lieu unique, présentant une petite parenthèse tant spatiale que temporelle pour le curieux qui emprunte ce couloir.
Le curieux qui passe par ce couloir ne peut qu’inévitablement lever la tête pour regarder les nombreuses enseignes qui agrémente la hauteur de plafond, colorées, classiques, aux accents exotiques ou complètement loufoques, elles font également le charme et la caractéristique du passage, renforçant encore un peu la notion de flou artistique et cosmopolite.
Pour ce second passage illustrant ce blog le long des dimanche d'hiver, je souhaiterais évoquer en quelques lignes l'élégant passage couvert qui perce le bloc d'immeubles entre le 97, rue de Richelieu et le 5, boulevard des Italiens. Nous passons donc du 1er arrondissement au second, arrondissement qui a vu la construction de plusieurs passages couverts au XIXème siècle.
une voie privée et, à ce titre, comme la Galerie Véro Dodat, est fermée le dimanche. Les façades, les verrières et le sol sont inscrits au registre des Monument Historiques depuis 1975.
AGF), le passage est détruit en 1985 puis reconstruit à l'identique avec les décors, partiellement d'origine, au début des années 1990.Comme l'ensemble des autres passages couverts parisiens, le couloir artistiquement dallé et présente une verrière en forme de coque d bateau retournée. L'ensemble est éclairé par une ribambelle de lampadaires appliqués le long des murs. Couleurs chatoyantes, bain de lumière permanent, jeux intéressants entre lignes droites et lignes courbes, les formes s'entrecroisent pour mieux se compléter....Des crinolines aux jeans taille enfant, le passage dallé de noir et blanc a vu trotter quelques paires de pieds...
Il me tenait à coeur de consacrer quelques articles sur les passages parisiens qui contribuent au charme et au côté "secret" de Paris. Et quelle meilleure période de l'année que l'hiver pour évoquer ces couloirs à ciel (c)ouverts, lorsque l'on fuit la pluie et que le soleil n'est pas encore au rendez vous ? J'ai la chance d’habiter dans ce quartier qui en abrite plusieurs et c'est à chaque fois pour moi un réel plaisir que d'emprunter ces quelques dizaines de mètres de décors de couleurs et de vie particuliers. Construits sous l'ère de la "Nouvelle Athènes" dans la première moitié du XIXème siècle ces véritables percées dans les immeubles proposent au parisiens de joindre l'utile à l'agréable : "couper" des pâtés d'immeubles et se protéger des intempéries tout en jouissant de commerces variés sous une lumière particulière qu'offrent leur verrière.
encablures...
La Galerie est ouverte en 1826 et restaurée dans les années 1980, le style renvoie quelque peu à l'antiquité avec ses deux pilastres annonçant l'entrée, ses sculptures placées dans des niches et les décours intérieurs faits de peintures enchâssées dans des cartouches, évoquant des personnages inspirés directement du registre décoratif de la Rome antique.